petites filles parées de tous leurs atours et coiffées
de la barette rouge, couverte de petites
pièces d’or, qui cache la tige d’une infinité de
petites tresses, semblent contempler avec avidité
et timidité ce spectacle auguste, où elles
espèrent bien un jour jouer le rôle principal.
De Touvak, je regagnai la partie supérieure
du Kourou-ouzène dont un embranchement,
flanqué du mont Téirki et de la Karabi-Yaïla,
prend le nom de Oulou-ouzene ( le grand ruisseau).
Un village qui fait partie des domaines de
M. Lang, est bâti dans l’endroit où le thalweg du
ruisseau présente les premières bandes cultivables.
Quoique cette partie soit élevée, la vigne y
croît encore.
Au-dessus du village le ruisseau devient torrent
et bondit sur d’énormes blocs roulés de poudingue
et de calcaire entassés sur le schiste (1).
Puis tout à coup, à 2 verst d’Oulou - ouzène, à
la frontière des poudingues aux couches redressées
comme un mur, on le voit se précipiter
d’une hauteur de 4° pieds en cascade (2). Ce
( 0 Voyez IIe série, pl. 48, une vue d’un moulin à foulon
tatare, établi sur ce torrent, au milieu des blocs qui encombrent
le ruisseau. Quelques ceps de vigne servent de
toit à ce bâtiment qui rappelle l’enfance de l’art.
(2) Atlas, V e série, plans , coupes , etc, pl. 24, fig- 3,
dessin de la cascade de Djourdjour ou d’Oulou-ouzène.
paysage sauvage mérite d’être visité. En remontant
encore le ruisseau d’une centaine de
pas au-dessus de la cascade, on trouve enfin la
limite du calcaire gris, puant, fragmenté et recimenté
; il repose à couches concordantes sur
les poudingues (1).
Il existe un chemin ou plutôt un sentier qui
mène d’Oulou-ouzène à Karassoubazar, à travers
la Karabi-Yaïla. J'étais curieux de comparer
cette portion de la chaîne Taurique avec
le Tchatyrdagh : j ’en fis la traversée et je puis
dire en général que ces faits sont toujours les
mêmes. On me fit grimper à cheval pendant deux
heures, dans le fond d’une longue et sauvage
vallée, avant d’atteindre le sommet de la montagne,
bordé d’une ceinture de charmes. Nous
étions à peine arrivés au faîte, où est encore un
Démir-Kapou, que nous commençâmes à descendre
comme s’il y avait eu une espèce de crêt,
semblable à la cime du Tchatyrdagh. Au bout de
3oo pas commence alors une plaine haute ou
yaïla, la plus large de celles qui couronnent les
sommités tauriques, et avec la yaïla surgissent
derechef les longs sillons produits par les têtes
dures et saillantes des couches. L ’allure en est
de O. S. 0 . vers E. N. E. et ils traversent toute
(1) Atlas, Ve série, pl. 12, fig. 10, vue du fronton N. E.
du Samarkaïa vu d’Oulou-ouzène.