établir des bains de boue (1). Un seul village,
le grand Béchev , bâti sur les deux rives de
l’Alma, au milieu des jets de porphyre et
d’ophitone qui percent sous le schiste, au-dessus
et au-dessous du village, interrompt cette monotonie
jusqu’à la barrière de la craie.
Avant l’établissement de la chaussée d’Aloucheta,
cette vallée était un des principaux passages
pour se rendre sur la côte de Crimée par
le col occidental qui sépare le Tchatyrdagh de
la Babougan-Yaïla.
En portant mes regards au sud-ouest, mon
oeil ne peut pénétrer par-dessus le boulevart
de calcaire noir qui longe la côte. Le Kastéle,
petit comme un tumulus, au bord de la mer,
est le seul point qui soit visible; la côte pittoresque,
les jardins de fées et les trois riches baies
de Koutchouk-Lambat, d’Oursouf et de Yalta
sont couverts du voile d’Isis. Seulement en dépassant
son extrémité occidentale, l’on distingue
parfaitement les deux rochers qui commandent
le port de Balaklava, et en suivant la mer on découvre
encore plus loin la rade, la grande baie
et les ports de Sévastopol,
( i ) M. de K oeppen, über i 3o Quel/en Tauriens, in-zj0,
p. 16, a trouvé la température de cette source, 6 septembre
*833, de 6° R . Il dit que c’est le i er de juillet qu’on s’y
réunit pour assister à la célébration d’un service divin.
Comparez avec Montandon, Guide du Voyageur^ etc.p.297 .
Il n’en est pas de même de la côte de l’est ;
car en passant à côté et par-dessus le mont
Tëirki, dont les couches de grès, découpées en
formidables aiguilles, couronnent le mont comme
de gigantesques glaçons et menacent Démirdji,
bâti au pied, on aperçoit toute la côte de l’est,
avec la baie et les promontoires lointains de
Soudak.
La riche vallée d’Aloucheta, avec ses vignobles
productifs, est le point de partage entre les deux
côtes rivales. Telle est la vue générale de ce
grand observatoire, dont Pallas a trouvé la flore
composée d’un mélange de plantes alpines et de
plantes de la steppe, suivant la différence d’exposition
de ses nombreuses terrasses (1).
Je venais d’escalader le Tchatyrdagh pqp son
escarpement, côté oriental ; je voulus, le 3 août
1834, le visiter par le côté opposé. Cette excursion
offrira aussi de curieux résultats au géologue
; car, en suivant un sentier qui passe par
Bïûuk-Yankoï, je me trouvai bientôt sur les pou-
dingues rouges les plus développés que j ’aie remarqués
en Crimée, Je prie le lecteur de regarder
ici la carte géologique que j ’ai mentionnée
(1) Voyage en Crimée, p. 2o5. Voyez la nomenclature
dè} plantes qu’il y a recueillies.