pentes du cratère artésien, ont échappé au sort
commun (1).
Une circonstance fâcheuse a été le prompt résultat
de ce vandalisme contre Pomone. Toutes
les pentes sablonneuses, nues, réverbérées par
un soleil brûlant, se sont désagrégées, et des sables
mouvants se promènent au gré du vent sur
l’espace nu qu’occupaient les jardins ; ils s’avancent
sur les bons terrains et jusque dans le
bourg.
Déjà l’église de Taman, restée seule isolée jau
milieu de cette plage déserte, voit les sables
s’amonceler autour de ses murailles qui ont sept
à huit pieds de haut ; les sables hardis n’ont pas
été arrêtés et passent déjà par-dessus, empiétant
sur le cimetière, et si cela continue, en peu
d’années on ne verra plus rien ni du mur de
clôture ni du cimetière.
Ce triste empiétement prouve que les beaux
jardins de Taman, si cruellement ravagés, ne
dataient pas seulement des Turcs , mais qu’ils
remontaient à une haute antiquité. Car l’église
de Taman fut fondée en 1022 parle duc Mtislav,
qui après avoir aidé l’empereur de Constanli-
nople à détruire la domination des Khazares en,
(1) M. de Hablitz, Description physique de la Tau ride,
faite en 1785, deux ans après l’incorporation de la Crimée
à la Russie, cite encore plusieurs fois les jardins et vergers
de Taman.
Tauride, déclara la guerre auxKassogues (T cher*
kesses). Il vainquit leur chef dans un combat
singulier, et en mémoire de cette victoire, il
fonda cette église qu’il dédia à Notre-Dame (Bojémaler)
(1).
Si depuis 1022 l’église n’avait pasete entouiee
et défendue contre les sables mouvants par les
jardins, elle aurait déjà subi depuis longtemps
le sort qui la menace aujourd’hui.
Le toit de l’église, qui avance, soutenu par une
colonnade en bois, met a l’abri des injures du
temps les marbres de Phanagorie. C’est là que
j’ai passé des jours entiers à les déchiffrer : j ’y
suis revenu à quatre reprises différentes, en été
i 832, au commencement et a la fin d’octobre
de la même année, et en juillet i 834. J ai recopié
plusieurs fois les mêmes inscriptions, pour
être bien sûr de les avoir bien comprises.
Outre le lion et les inscriptions que j ’ai décrites
plus haut, j’y trouvai trois colonnes entières,
ou fûts, de 9 à 10 pieds de long, en
marbre rubanné bleu et blanc, avec deux chapiteaux
imitant le style ionique, ornés de croix
sur l’abaque, du travail le plus grossier.
Une stèle en marbre bleu et blanc, m’offrit
(1) Karamsin, II, 19, éd. ail. Cette église fut changée
en mosquée; les Russes, en *794* hii rendirent sa destination
primitive.