rope, dont il changera totalement la face ; les
peuples effrayés chercheront une autre patrie;
plusieurs d’entre eux se porteront vers le nord
ou déjà se sont rendus les Kimmériens, nation
richement douée, et plus anciennement développée
que toutes les autres, qui sera toujours à
la tête de la civilisation de l’Europe. Cependant
Darius, déchu dans ses plans de vengeance,
voudra faire tomber son courroux sur la Grèce,
et encore la l’energie de la défense développera
avec le génie de la liberté, celui de la civilisation
et des arts Et à voir ces rivages déserts,
ces rivières et ces bras de mer sans eau, ces tu-
mulus sans nom, ces ruines effleurant à peine le
sol qui n’en a pas gardé le moindre souvenir, ces
vertes collines si maigrement peuplées, ces remparts
appuyés contre des torrents de boue qui
voudraient les envahir, on se demande, malgré
Homère, Hérodote, Scymnus et Strabon, si c’est
bien là le théâtre, le point de départ de si
grandes choses.
Je vais commencer mon excursion en traversant
le vallum, l’île est plate, marquée au milieu
par un dos de pays, sur lequel paraissent de
loin en loin quelques tumulus. Je m’acheminai
vers Fontan, le principal endroit de l’île ; il doit
son nom à une source d’eau qui jaillit au milieu
du village, et qui mérite une attention particulière,
comme phénomène géologique.
Quoique sur le plateau le plus élevé de l’île, il
existe néanmoins à cette hauteur au milieu du
village un entonnoir circulaire de 100 pas de
diamètre, profond de 1 à 1 { toise. Le fond de
cet entonnoir auquel j ’ai donné le nom de cratère
artésien, est plat et sablonneux, et l’on ne peut
creuser à plus de 3 pieds de profondeur, sans y
trouver une eau presque jaillissante. Comme ce
cratère artésien est dans la partie la plus élevée
du sol, il suffit de saigner ce réservoir naturel
par un: canal pour obtenir à une petite distance
des fontaines. Celle que les Turcs avaient construite
fut retrouvée par les Cosaques à leur arrivée
en 1792, et dans un pays où il y a si peu
d© sources, c’était une belle invitation pour s’y
établir (1).
La température de l’eau à la source, le 17 octobre
i832, à sept heures du matin, par -+- 3° à
l’ombre, était de 1 10 de R.
La raison qui attirait les Cosaques et les Turcs
existait sans doute pour les anciens habitants du
pays, et même pour les Kimmériens, cependant
je ne sache pas qu’on ail trouvé des ruines de
cette époque dans le voisinage..... On ne voit à
Fontan que les traces d’une mosquée ; les Cosa-
(1) Voyez atlas, V e série, Géologie, coupes, plans, etc.
Pl. XXV, fig. 11.