l’autre rive , qui représentait l’ancienne embouchure
du Kouban.
Mais avant de passer le bas-fond rouge de
Peganum Harmala, je remarque que son existence
est antérieure à l’arrivée des Kimmériens,
puisqu’ils ont cru nécessaire de le défendre; ce
qui prouverait que la liaison entre les deux îles
a eu lieu dans des temps anti-historiques, et que
1 action des volcans de boue est aussi ancienne
que je l’ai supposé ; car l’agent qui a comblé le
bas-fond n’est pas éloigné, et son histoire est
écrite sur ses flancs.
En effet, le côté de l’île de Phanagorie qui
longe le bas-fond depuis le liman deTaman jus-
qu à la Mer d Azof, est bordé par une ligne formidable
de volcans de boue qui, distribués en
trois groupes, couronnent trois sommités principales.
La plus haute est celle du mont Choumoulcai,
autrement appelé Kull-oba (colline des cendres);
c’est la plus rapprochée du liman, et celle
qui, par ses éruptions de boue, a comblé le bas-
fond ; elle a bien sur sa cime quelques orifices
boueux qui témoignent de son origine (1), mais
( i) Pallas, Voy. dans les gouv. mêr. I I , 337, désigne
sur là cime du mont Choumoukaï un cône gris avec un
gouffre vaseux : ce qui a étonné le célèbre voyageur, c’est
de voir mêlés à cette boue des racines de roseaux et de
on n’a jamais parlé d’explosions violentes pareilles
à Celles des autres volcans. D’ailleurs,
la meilleure preuve de cette longue inactivité se
tire des grands tumulus, de forme très-conique,
qui recouvrent sa cime, ses flancs , et qui descendent
même jusque dans le ravin qui sépare
l’ancien volcan de la station de Sennaïa. Depuis
les temps historiques, sa forme n’a donc guère
changé.
Il n’en est pas de même des deux autres
groupes de volcans, dont l’histoire est bien
connue.
Jadis, à l’est du mont Choumoukaï, et fort
près de la plage verdoyante qui borde le lac Af-
taniz , on voyait, sur une colline de forme radoucie,
élevée de i 5o à 200 pieds au-dessus du
liman, un large tertre haut de 20 pieds environ
(1) ; il n’était pas possible de trouver quelque
chose qui ressemblât davantage à un tumujoncs,
et des débris nombreux d’amphores qui lui font
supposer i° que le gouffre du volcan est en communication
directe avec le lac Aftaniz , d’où il tire ses racines ;
et 20 qu’il s’est fait jour à travers quelque tumulus pareil
à celui que j ’ai décrit plus b au t, d’où viennent les urnës
qu’il revomit, après les avoir brisées. A côté de ce cône
gris, se trouvait encore un autre cratère qui se desséchait
en été. Pallàs ajoute que l’époque de l’éruption du Kull-oba
n’est pas connue.
(1) Voyez Atlas, 5e série, géologie, coupes, plans, etc.
pl. 25/fig. 7, 8 et 9.