du fort de Yeltiglien, dont la muraille s’étend sur
le terre-plein qui paraît au milieu ; ayant à gauche
trois pointes de rochers dont la plus haute
s’appelle Délikli-Kcüa (1). Près de là sont les
traces de tombeaux et d’une ancienne église.
Sous une voûte, au pied du rocher, jaillit la
belle source de Yetlighen-sou, qui abreuve le
village et rafraîchit ses vergers plantés dans le
thalveg de la vallée ; car ce qui n’est pas arrosé
est sec et aride. Les fruits de Koze sont d’une
beauté remarquable.
Le premier plan du dessin est occupé par la
mosquée de Koze, dont le style est celui des
mosquées de village : autour de l’édifice religieux
s’étend le cimetière tatare, dont les tombes
comme à Otouze , et dans plusieurs autres endroits
de cette partie de la Crimée, sont marquées
par des colonnes parallèlipipèdes de grès
basique à anthracites , non taillées, qui se divisent
ainsi naturellement en cippes et en pilastres
comme les basaltes. Ces monuments funéraires
sont extraits des carrières d’alentour, et on les
retrouve à Otouze, à Soudak, à Yelbouzli.
La partie inférieure de la vallée, longue de
5 verst jusqu’à la mer, est couverte de vignobles,
qui appartiennent en majeure partie à des parti-
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culiers de Théodosie. Les vins de Koze passent
pour être les plus généreux de la Crimée ; quelques
uns ont le goût de terroir, qui se perd en
vieillissant. C’est dans l’un de ces vignobles que
M. Graperon a trouvé le torse que j ’ai vu au Musée
de Théodosie : ceci indique un établissement
grec.
En continuant ma route, je passai à la sortie
du village , à côté d’une autre antiquité, d’une
vieille chapelle grecque dans le genre de celles de
la côte sud-ouest (1). Elle mesure 24 pieds de
long sur 12 de large. Au lieu d’une grande porte,
elle n’a qu’une porte latérale avec un petit portique.
L’encensoir est formé du chapiteau d’une
colonne antique qu’on a creusé. Je crois que
c’est l’église que mentionne Pallas sur la croupe
du Kadily-Bouroun ; elle était sous l’invocation
de saint Jacques (2).
De Koze à Soudak , on 11e chemine que sur du
schiste, qu’un grand écartement des rochers
calcaires supérieurs laisse à jour : à droite, la
chaîne principale, et à gauche un labyrinthe de
massifs qui, lancés dans la mer, y forment un
haut et imposant promontoire, d’une teinte
sombre , renommé chez les navigateurs. C’est le
cap Méganome, composé de calcaire noir, al-
(1) Atlas, IIIe série, arch. pl. 4-
(2) Pallas, Voy. Il, 253.