les restes d’une inscription qui ne pouvait présenter
aucun sens.
Plusieurs tombeaux grecs en marbre blanc,
étaient ornés de reliefs semblables à ceux de
Panticapée, sous lesquels on lisait des fragments
d’inscriptions. Là se trouvait aussi la belle dalle
de marbre sur laquelle on lit en ancien slave
l’inscription suivante : « Dans l’année 65y6
(io 65 de J.-C.) Indict. 6, le prince Gleb mesura
la mer sur la glace : depuis Tmoutarakan jusqu’à
Kertche, il compta trente mille cinquante-quatre
sasches (toises) (1).
Le nom de Taman était alors Tmoutorokan,
qu’on prononce Tmoutarakan, et que Constantin
Porphyrogénète, dès le dixième siècle, écrivait
Tamatarcha, disant que ce Castrum était
bâti dans une île basse, qu’on appelait Atech (2).
P. Visconti, dans sa carte de i 3i 8, écrit Ma-
treca : Gratiosus Benincasa en 1480, Mat ri g a ,
et d’autres géographes postérieurs , Matuga,
Matega, Matrega (3).
(1) Pallas, Voyage dans les gouv. mèr. t. II , p. 324
et vignette 24. Mémoire particulier du conseiller intime
Alexei Mussin Puschkin sur cette inscription et sur l’ancienne
principauté de Tmoutarakan, en russe. C. Ritter,
Vorhalle, p. 218.
(2) De adm. imp. cap. XL1I.
(3) Mémoire sur un nouveau périple du Pont-Euxin,
par le comte J. Potocki.
Les Turcs l’appelaient Taman. 11 se composait
alors d’une ville et d’une forteresse, dont les
Russes prirent possession en 1787, l’accommodant
à leurs besoins; mais n’en trouvant pas
l’assiette assez forte, et gênés par des ruines et
des décombres, ils la rasèrent pour fonder la
nouvelle forteresse de Phanagorie qui fut commencée
en 1794*
L’ancienne forteresse se composait d’une enceinte
bastionnée irrégulièrement, avec un fossé;
elle s’appuyait d’un côté sur le rivage de la mer,
et de l’autre sur le cratère artésien qui la défendait
naturellement par lé sud et par l’est.
Une plate-forme carrée , espèce de citadelle,
garnie d’artillerie, complétait la défense à l’est
entre le cratère et la mer (t). La ville turque
s’étendait sur l’espace qui restait entre la forteresse
et l’entonnoir : il n’y en a plus de trace.
Taman est-il Korokandame? J’ai déjà affirmé
le fait plus haut, en citant le texte de Strabon,
qui ne s’explique qu’en plaçant ici le bourg antique.
Maintenant il faut en trouver les ruines.
( i) Pallas attribue cette forteresse irrégulière aux
Russes, qui la-mirent en état en 1787. La ville même
avait un grand retranchement, auquel il donne 2 j verst
de cii’conféi’ence, II, 3i i . Mais il est plus que probable
que les Turcs avaient déjà une citadelle où les Russes
construisirent la leur : les monnaies, les tombes , le style
de construction, tout est turc.