ile là que je dessinai la vue que j ’ai publiée
IIe série, pl. 64, fig. l[. On voit sur les flancs du
rocher qui regarde la nier, des restes de fortifications
presque inabordables aujourd’hui ; dans
le lointain se dessine le cap Méganome, et sur le
premier pian s’élève une grande tour carrée,
crenelee comme celles de la forteresse, mais
sans porte; 011 ne peut y entrer qu’au moyen
d’une haute échelle. Elle surveillait de ce côté-là
1 abord de la forteresse et du port. A côté de la
tour s’élève une petite chapelle grecque antique;
l’on distingue encore assez bien les anciennes
peintures a fresque qui recouvraient ses murailles.
Le géologue fera bien de descendre dans le
fond du ravin, car nulle part il ne trouvera de
plus beaux fossiles jurassiques en Crimée, et
surtout un plus grand nombre de polypiers,
Scfphia parallela, reticulata, Nesii ; jintho-
phyllum obconicum, turbinatum, piriforme f
Astroea; Rhodocrinus ; Pentacrinus / F un plia,
etc. Rien n’est abnorme comme les couches de
calcaire et de schiste noir qui composent ces
rochers erratiques ; et ce sera encore pour lui
le sujet d’un autre genre de recherches que de
vouloir en démêler le chaos comme j ’ai voulu le
faire. Les couches de calcaire noir renferment
des térébratules, des ammonites, des peignes,
des huîtres, des limes et d’autres fossiles qui
sont tous altérés et peu faciles à déterminer : le
schiste n’est pas riche en êtres organiques.
Pour compléter cette étude, qui met sur la
voie des révolutions plutoniennes de la Crimée,
rien n’est plus instructif que de suivre ensuite le
sentier de chèvre qui mène le long du Kouche-
kaïa au Nouveau-Monde, au milieu d’un labyrinthe
de fragments de rochers entassés, à peine
ombragés de quelques genévriers. C’est d§ là que
je pris la vue de l’ancien port de Soudak et du
Nouveau-Monde : le liman offre un ancrage sûr
aux vaisseaux les plus grands, sur un fond d’argile.
De nulle part le Kouchekaïa ne se présente
avec plus de majesté ; et quand on ne serait pas
géologue, il vaudrait la peine de venir tout exprès
ic i, pour admirer sa muraille hardie, ainsi
que les formes extraordinaires dé Tchikine-
Kaïassi, dont les pics de grès liasique marquent
à l’ouest la limite du port. Ces grès, à l’ouest de
Soudak, sont exploités comme pierre-meulière.