Les voyageurs modernes ne voyant que les
décombres turques, ont nié le fait, parce qu’ils
ne trouvaient pas de vestiges plus anciens. S’ils
avaient cotoyé les falaises qui bordent le rivage,
leur opinion aurait changé, et ils auraient vu
que toute la forteresse turque et la ville étaient
fondées sur des débris plus anciens. Ici la glaise
et les terrains de rapport, mêlés aux débris de
poterie grecque, aux anciennes fondations, sont
entassés jusqu’à une hauteur de 20 pieds, et à
peine reste-t-il quelques pieds de terre vierge
au-dessus du niveau de la mer.
La mer a rongé les falaises et a détruit une
partie de l’ancien sol, comme elle a entraîné des
lambeaux de la forteresse turque; c’est donc
plus ou moins dans la mer qu’il faudrait chercher
Korokandame,
Si l’on voulait nier le fait, je ne donnerais,
pour preuve qu’un ancien puits grec qui se dessinait,
à moitié emporté, sur la falaise rongée par
la mer dont il n’était distant que de 4 à 5 pieds,
Or, il est contre toute saine raison de supposer
qu’on ait creusé ce puits ainsi au bord du talus,
et il est bien plus probable que quand on l’a établi,
on a choisi un lieu beaucoup plus enfoncé
dans les terres.
Je terminerai par une autre considération : si
tant de générations de Khazares, de Slaves, de
Tatares, de Turcs se sont empressées de concen-
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trer leur principal établissement autour du cratère
artésien, qui n’avait pas son semblable dans
le reste de la Sindique, croira-t-on que les anciens
habitants aient négligé un lieu pareil, l’un
des plus avantageux, en face de Panticapée ?
Excursion au cap Tusla. — Cygnes.
A 2 verst de Taman, en se rendant au cap
Tusla, d’ou part la Iouchenaia-kossa ou langue
de sable du sudr commencent les pics à polypiers,
qui sont particuliers à la presqu’île de
Kertche. Ils affectent les sommités, sans descendre
dans les bas-fonds.
Deux autres lignes de ces pics courent plus au
sud, parallèlement à la première, et se terminent
aux caps Kéchibouroun et Panaghia.
Ces trois lignes de pics a polypiers, de même
nature que ceux de Kertche, ne sont que 1 extrémité
des lignes qui sont en-deçà du Bosphore,
et que la rupture du détroit a séparées en deux
tronçons. Les lignes de Taman ne s’avancent
qu’à 5 ou 6 verst dans l’île, et avec elles cessent
le tertiaire et le quaternaire. Le reste de la presqu’île
de Taman, avec les îles de Phanagorie,
de Fonlan, de Tyrambé, de Temrouk, ne sont
que le produit des volcans de boue et des sources
de naphte qui commencent dès que les pics à
polypiers cessent.