de Simferopol (la ville du centre utile), donné
par 1 archeveque Eugène ; c’était son marché.qui
se tenait tous les vendredis dans une immense
place, entourée de bouznik (vendanges de bouza
ou biere de millet), ou les Tatares allaient s’a—
muser et danser au son de^jolons et des tara-,
bours de Bohémiens. Ce marché avait obtenu
une grande importance, parce que la côte de
Crimée pouvait facilement, par la chaussée d’A-
loucheta, s’y approvisionner de toute espèce de
comestibles. Que tout voyageur qui arrive de
l’occident ou du nord de l’Europe, par les plaines
de la Russie, ne néglige pas d’aller visiter ces
marchés, s’il cherche des observations pittoresques
et plaisantes sur les moeurs, les costumes,
les traits des populations qui se réunissent ici
fraternellement ; les Tatares-Nogaïs de la steppe
et les Tatares des montagnes, race mélangée de
Taures, de Scythes, de Grecs, de Goths et de Tatares
; les Allemands de Neusatz, de Friedenthal
et de Rosen thaï, se pressent les uns les autres,
rangés avec leurs denrées sur de longues lignes :
chacun d’eux cherche à baragouiner la langue
de l’acheteur ; tantôt c’est du tatare, ou c’est du
russe ou de l’allemand ; le Russe, confondu dans
les rangs de ces, peuples soumis, avec ses denrées
du Nord, reste seul Russe.
Mais le Simféropol que j ’aime n’est pas celui
qui est sur la hauteur, sur la steppe poudreuse
et desséchée. Mon Simféropol est dans la vallée,
sur les rives du Salghir. Une" belle chaussée qui
tranche les couches de la marne blanche et du calcaire
à nummulites, y conduit ; on laisse à gauche
un grand jardin public, avec les caves de la
compagnie des vins ; à droite, au bas de la descente,
deux ou trois carrés grossièrement murés
passent pour être des tombeaux de saints musulmans
que la foule pieuse vient implorer en cas
de maladie, en étendant des lambeaux de vieux
linges sur les pierres rongées par le temps. Pendant
les ardeurs de juillet, c’est ici qu’on trouve
un refuge, sous les ombrages et dans la magnificence
des vastes vergers que rafraîchissent les
ondes du Salghir, Mais une invitation plus pressante
encore m’y appelle : c’est celle de l’amitié.
Qui pourrait oublier l’hospitalité, l’amabilité des
familles de Serre, Mühauseni N’est-ce pas aussi
là que M. de Stéven, successeur de Pallas, a sa
modeste campagne, au pied du lambeau de calcaire
à nummulites qui fait le pendant de celui
des ruines, et forme l’autre côté du portail de la
vallée du Salghir. Son portique, qui regarde le
sud-ouest, domine les terrasses de son jardin,
ou le savant botaniste aime à faire prospérer des
plantes rares et lointaines; quelques sentiers
bordes de massifs d’arbres et d’arbustes fournissent
un ombrage délicieux à toutes les heures
de la journée, et mènent à une vigne qu’il a