goûté ceux de M. Bardac, disait que, pour le
moins , ils valaient les siens. Jamais je n’ai vu,
une surprise pareille à la sienne, en faisant cette
découverte. Car ces vins ne sont pas connus ;
ils n’ont pas de réputation, parce que MM. Bardac
et Tcherniafski ne sont ni des comtes Vo-
rontsof, ni des princesses Galitzine, qui ont en
main les moyens de faire connaître leurs vins.
M. Bardac vendait son vin 6 R. ass. le védro
(5o centimes le litre = 1 fr. le pot); il ne trouvait
aucun profit à apporter à la fabrication des
soins que personne ne lui paierait; il se contentait
de soigner celui dont il avait besoin pour
sa consommation particulière*
Cette supériorité des vins de Sévastopol s’expliquera
peut-être par la nature du sol qui est
composé d’un détritus de calcaire coquillier tertiaire,
et de cendres et débris volcaniques qui
composent une partie du sol; le fond sur lequel
repose la terre végétale est la roche calcaire
elle -même.
La compagnie des vins aurait dû acheter des
vins Bardac et Tcherniafski, si elle voulait présenter
aux amateurs quelque chose de national ;
car ils sont ce qu’ils doivent être, et le prix leur
aurait permis de spéculer ; non pas que les propriétaires
de la côte, charmés d’avoir obtenu
des échantillons qui rappelaient les vins étrangers,
les aient mis à des prix exorbitants, chacun
voulant rentrer le plus vite possible dans les.
fonds qu’il a avancés pour son entreprise. Quand
je dirai que j ’ai vu estimer jusqu’à 24 roubles-
ass. le védro, de petites quantités de ces nouveaux
vins, ce qui équivaudrait à près de 2 fr.
le litre, on verra que des prix pareils sont hors
de la spéculation. Il en est de même d’une bonne
partie des vins de la côte, quoiqu’à des prix
moins exagérés.
Quelques données sur les prix des terrains, sur
leur rapport et sur d’autres questions, termineront
ce petit aperçu.
Encore au commencement de ce siècle les
terrains de la côte de Crimée étaient pour rien :
des propriétaires, parmi lesquels je citerai le
général Révélioti, ont pu acheter pour une
bagatelle des étendues immenses de terrains
qu’ils ont vendus plus tard cinquante fois leur
valeur primitive (1). Des terrains propres à la
culture de la vigne, que l’on vendait d’abord
(1) Le duc de Richelieu, en 1817 , fit acheter pour 3,000
francs la .terre d’Oursouf, comprenant i 4o dessétines de
terrain. On y a dépensé 20,000 francs en bâtisses et en défrichements.
En i 834, Ie comte de Vorontsof, qui en était
devenu le pi’opi’iétah'e,'a gardé1 pour lui cent dessétines et
a revendu la maison avec 4° dessétines pour 100,000 fr.
La terre de Khanime, comprenant 80 dessétines de terrain,,
fut achetée pour M. Darius Poniatovski 6,000 francs; en
1834 on l’estimait déjà plus de 80,000 francs.