par les montagnes schisteuses du Nouveau-
Monde, avec quelques débris isolés de calcaire.
Au nord pareillement, montagne de schiste, que
couronne le calcaire de la chaîne principale.
Koutlak a des vignobles qui n’ont aucun renom.
De Koutlak à Kapskhor, je ne vis que du
schiste : avant d’atteindre ce grand et beau
village tatare avec une mosquée neuve, je traversai
l’étroite vallée de Voron, tapissée de
vignes qui s’étendent de la mer au village , sur
une longueur de 6 à 7 verst. La vallée de Kapskhor
est plus large que celle de Voron, et a une
légère ressemblance avec celle de Soudak. Les
Tatares cultivent partout la vigne et des arbres
fruitiers, dont ils firent leur principal revenu en
transportant leurs fruits et leurs raisins à Karassoubazar.
Je remontai la vallée de Kapskhor à l’ombre
des vergers jusqu’à Chélene; on compte 6 verst
pour cette distance. Chélène est au pied de la
muraille qui forme la chaîne Taurique. Ici cesse
le schiste noir, et du fond du vallon surgit successivement
un calcaire rouge, espèce de marbre
recouvert par une suite considérable de couches
de gros poudingue, que recouvre du calcaire gris
jurassique. L ’escalade est des plus pénibles pour
arriver au sommet de la montagne, dont la face
est très-escarpée en regard de la mer. Mais à
peine eus-je atteint la sommité, que je fus bien
étonné, après tant d’efforts, de me trouver sur
une plaine doucement inclinée vers le nord,
qui repose sur le dos des couches du.calcaire
jurassique.
C’est le premier exemple de ees plateaux
gazonnes de montagnes, qui forment une suite
presque continue le long de la chaîne Taurique ;
les Tatares les appellent yaïla] ils servent d’alpage
pendant l’été à de nombreux troupeaux de
moutons et de chèvres, pour lesquels on paie
aux propriétaires des pâturages un impôt appelé
yailak, consistant en une quantité relative de
moutons et d’agneaux. Ces plateaux, plus ou
moins réguliers, indiquent tous un fait géologique,
qu’un examen détaillé des diverses formations
qui composent le sol de Crimée confirme
en plein.
Loin d’avoir ic i, comme au Caucase , un système
complet de soulèvement avec créts opposés
de calcaire jurassique, combes (1) de schiste
supposé basique , et dômes ou ballons de roche
ignée, jouant le rôle du lévier, nous avous à peine
en Crimée la moitié du système. Toute la longueur
de la chaîne Taurique ne présente que le
crêt septentrional; l’autre est resté au fond de la
mer ; et quand au lévier, il manque le plus sou—
(1) Ces termes sont empruntés à la théorie deM. Thur-
mann de Porrentruy.