par des maisons de campagne, des jardins, dont
on voit çà et là les murailles en pierres.
Des chemins dont la trace n’est point effacée
menaient d’un château à l’autre ou d’un port à
1 autre : des portes s’ouvraient sur la campagne.
Une belle fontaine d'eau excellente qui ne tarit
jamais au milieu de ce vaste ensemble de ruines
où je ne rencontrai pas trace d’un être vivant,
est la seule chose qui en interrompe la solitude.
Les habitants tatareS d’Opouk viennent puiser
l’eau dont ils font usage à l’antique fontaine de
Kimmericum : ils y viennent avec des chars
traînés par des boeufs, et ils n’ont pas d’autre
source pendant la plus grande partie de l’année.
Kimmericum, avec un bon port, est une position
dont il serait facile de faire quelque chose;
mais pour cela , il faut une autre population que
des Tatares.
Kimmericum n’a pas plus été une ville milé-
sienne que le château carré qui est à 2 verst de
Tchourbache : on ne voit pas un seul tumulus
ni sur la montagne, ni aux alentours ; il est probable
que les tombeaux sont creusés dans le
roc, peut-être aussi que quelques-uns des amas
de pierres qu’on voit semés çà et là au pied du
rocher sont d’anciennes pierres levées dégradées.
MM. de Blaremberg et Koehler croient que
les Génois ont pris les pierres des ruines de
Kimmericum pour bâtir K a fa ; en effet, les
. ..
géographes Wlalcti et Sanson, du dix—septième
siècle, assurent qu’elles ont ete prises a Tous-
la (1). Qr, Tousla était un village aujourd’hui
détruit, bâti non loin des ruines de Kimmericum,
sur les rives orientales du lac Sale, 1 ancien
golfe que j ’ai décrit. Selon Chardin, Tousla
signifie salines (2).
Course d’Opouk à la station d’Arghin.
Je quittai M. Karéïche à Opouk, et je continuai
ma route en allant reprendre le chemin de
poste à Arghin, qui est à 3o verst d’Opouk. Que
ceux qui veulent savoir ce que c’est que de
voyager chez les Nogdis me suivent pendant
cette longue journée , où seul, ignorant la
langue, ¡e fus obligé de passer par tous les caprices
des habitants des steppes.
J’avais un ordre du gouverneur pour obtenir
des chevaux dans les villages : ceux qu’on me
donna à Opouk étaient de si mauvaises montures,
que nous ne pûmes aller qu’au pas. Mon
guide ta tare, qui n’était rien moins que Yomba-
çhi ou dizenier du village, s’excusait de son
mieux, disant qu’il n’y avait chez eux ni foin,
(1) Krimskii sbornik de P. deKôppen, p. 106.
(2) Carte de la Crimée, par M. le général Moukhin.
Carte du voyage de Chardin, en 1672.