bien conservée. Les tombeaux disséminés tout
autour consistaient en grandes dalles d’ophitone,
recouvraient des espèces de caveaux, dans lesquels
on a trouvé deux ou trois corps. Au-dessous
de la chapelle recommencent les ruines du
village, qui est sans aucun doute le Bïouk-Lam-
bat que les Grecs ont quitté lorsqu’ils ont émigré
sur les rives de la Mer d’Azof.
Aïthodor est plus ancien que cela, malgré ses
petites églises; mais rien ne me paraît remonter
plus haut que les ruines du chaos qui, sans édifice
religieux, occupent l’amphithéâtre de la
baie de Koutchouk-Lambal. Je n’hésite pas à
faire remonter de pareils vestiges jusqu’à l’époque
des Taures sauvages, et certes, rien ne
cadre mieux aussi avec la géographie antique,
qui par l’organe de Scymnus de Chio, un siècle
avant J.-C., nous apprend qu’il existait déjà
alors une localité, ville ou bourgade, des Lam-
pades (Àau77<aâcov) distante de 120 stades d’un
promontoire élevé qu’on appelle le Front du
Bélier (Kriou-Métôpon). Le Koutchouk ou
petit Lampade en opposition ave.c le Bïouk ou
grand Lampade, est aujourd’hui un petit
village ta tare au fond d’une baie, avec un bon
ancrage, défendue à l’est par le promontoire
Plaka. Le sol du tour de la baie est du schiste,
et les généraux Borosdine qui en ont acquis en
propriété une bonne partie, y ont planté de
beaux vignobles. Ce petit vallon est une des
plus chaudes expositions de la Crimée.
La vieille route passe par Koutchouk-Lambat,
tandis que la nouvelle traversant Bïouk-Lambat,
s’en va faire sur la hauteur d’immenses contours
pour éviter de descendre dans des ravins profonds
et fréquents, creusés dans le schiste : elle
va déboucher tout droit à Kisiltache. Si le voyageur
qui désire étudier sincèrement la Crimée ,
veut me croire, il ne la suivra pas; il n’ira pas
se griller au soleil contre ses hautes parois noires
de schiste triste et nu, pour éviter, il est
vrai, quelques montées un peu pénibles, mais en
laissant de côté ce que la Crimée a de plus intéressant.
FIN DU TOME CINQUIEME*