montagnes. Mais il est des effets partiels, des
accidents particuliers, qu’il est aussi nécessaire'
de suivre et d’étudier, et ce sont souvent ces
petits détails qui sont les plus sûrs indicateurs
du mode et dès circonstances qui ont accompagné
les grandes catastrophes.
Les blocs de granité remplissent le fond du
ravin de Tsikournihe-Déré ; mais ils viennent
des Ouraga et du Kastèle. Ils cessent : puis, à
Karabagh, les blocs erratiques reparaissent et
recouvrent toutes les pentes schisteuses de la
manière la plus irrégulière, sans qu’on puisse
attribuer leur éruption à un petit jet d’ophitonè
qui paraît sur te rivage. Ce n’est pas ici qu’il
faut chercher ni digue de glacier, ni moraine.
Curieux de connaître la source de ces blocs,
je poursuis mon inspection le long de la côte f
mais tout à coup plus de blocs : ils cessent au
bord du ravin le plus voisin de Karabagh, et
lorsque je cherche à poursuivre leurs traces, mes
yeux sont frappés tout à coup du spectacle le
plus extraordinaire (i). Ce ne sont plus quelques
blocs isolés, semés çà et là ; mais c’est tout une
montagne fracassée en mille et mille fragments,
qui aurait amoncelé ses débris au long et au
large. Je me hâte, et à 1 verst de Karabagh, au-
delà du Kàkouion-Dèrê, j’entre dans ce dédale,
qu’on a appelé à juste titre chaos, et qui est
cônnu des Tatares sous le nom de Sunenlca'ia.
Là, le chemin a peine à se frayer passage au milieu
des blocs énormes, grands comme des maisons,
hauts comme des tours, d’un calcaire noir,
puant, qui hérissent le sol, jetés au hasard, entassés
ou appuyés les uns sur les autres, présentant
mille dédales; on croirait voir ici dés aiguilles
ou des pyramides dressées; là les énormes ruines
d’un édifice cyclopique. Plus loin c’est l’aspect
sauvage et déchiré d’un glacier, dont les jets
groupés cherchent à se surpasser en grandeur.
Le sumac, le noyer, la vigne sauvage, la ronce,
le buisson ardent, l’épine blanche à petits fruits,
l’azèrolièr poussent, à travers les ferïteS profondes,
leurs racines qui vont chercher au-dessous
l’eaü qui filtre sur le schiste, la base du
chaos (1).
La mer a rongé ce schiste facile à décomposer
qui présente ainsi partout une haute falaise.
Nombre de blocs ne trouvant plus d’appuis se
sont écroulés dans la mer, et forment tout lé
long du chaos une ceinture de blocs contre lesquels
la mer vient décharger sa furie.
(i-) Quelques petites sources qui jaillissent entre le
schiste et les débris calcaires , non loin du rivage, montraient,
le 29 août i 832, à midi, 8° R. M. de Koeppen,
dans deux observations du 24 avril i 834 et du 6 juillet
1837, l’a trouvée dé 70 R.