dionale. On a le projet d’en établir des entrepôts
à Bérédiansk au nord de la Mer d’Azof,
et d’y prendre en retour les blés de la petite
Russie; car le paysan qui vient à vide chercher
du sel, sera bien content de pouvoir gagner
quelque chose en amenant le blé; cela ne lui
coûtera qu’un détour d’une centaine de versl,
au lieu d’aller à Tonki. Les négociants de
Kertche auront ainsi des magasins de blé pour
les chargements des vaisseaux dont les deux
tiers viennent sur lest ; les capitaines trouveront
un grand avantage à prendre leur cargaison à
Kertche plutôt que d’aller à Taganrog, d’autant
plus que ce blé ne reviendra pas plus cher aux
négociants de Kertche que celui de Taganrog.
En 1787, avant la prise de possession de la
Russie, Peyssonei estimait la population de
Kertche de 3 à4,ooo âmes. Elle a diminué considérablement
depuis. Aujourd’hui Kertche et
Iénikalé ont ensemble 2,820 habitants répartis
dans 682 maisons.
Vu son inutilité, on a démoli la forteresse qui
a été remplacée par une grande place formant
un polygone régulier; elle est bordée tout autour
par une rangée d’arcades qui permettent une
libre circulation à couvert, en temps de pluie.
Il n’est resté qu’une tour qu’on a ménagée
près du rivage, comme seul témoin du monument
qu’avait érigé le moyen-âge.
L’ancienne église que renfermait la forteresse
se trouve en dehors du plan de la place. Ce
temple peut passer pour l’un des plus rares monuments
de Kertche, tant il est antique : il mérite
une petite description pour les amateurs
d’architecture Sacrée (1).
Le plan de l’église est une ci’oix dont les
transepts sont très-rcourts, et dont par conséquent
les bas-côtés sont très-étroits. Cè n’est
pas la croix grecque proprement dite. Le centre
de la croix est éclairé par une coupole très-
élevée^-Quatre colonnes de marbre imitant l’ordre
corinthien, disposées en carré régulier, la
supportent; leurs bases avec une partie du fût
sont enfouies sous le niveau du pavé ; près de
terre, elles ont 1, pied f de diamètre : l’espace
qui les sépare est de 12 pieds. Sur la tête de
chaque colonne s’élève un pilier carré, deux fois
plus haut que la colonne qui, avec son chapiteau,
n’a que 10 pieds j d’élévation au-dessus
du sol.
Ces quatre lourds piliers, qui semblent écraser
les quatre minces colonnes, contrebutent
les arcades en plein cintre et les pendanlifs qui
portent la haute coupole éclairée par huit fe-r
nêtres.
On ne peut rien voir de plus sombre et de
(i) Mon Voyage, t. I, p. 4o5.
Y .