par trentaines à la fois disséminés sur l’horizon.
Ap rès une marche de 18 verst, une pente presque
insensible nous amena à Tèmicheberskdia, la
première station, bâtie au bord même du plateau
qui se termine par une haute falaise (1) de glaise
jaune mêlée de sable, que baigne le Kouban.
Ici je vis pour la première fois ce fleuve dont je
connaissais les embouchures.
La pente qui mène sur ses rives est couverte
de chênes entourés de chèvre-feuille, d’érables
de Tatarie aux fruits rouges ailés, de muguet, de
troène. Là je trouvai le Kouban, qui déploie ma-r
jestueusement ses nombreux contours, et derrière
lequel s’étend une plaine basse à perte de vue,
presqu’au niveau du fleuve. C’est ce que j’ai appelé
l’ancien golfe du Kouban, qui n’est terminé
que par les montagnes du Caucase. Les Tcher-
kesses occupent ce sol fertile, et leurs villages ne
sont qu’à 20 verst du fleuve. Tout ce qu’on voit
de cette plaine est nu comme le plateau que nous
avons traversé : il n’y a de bois que le long du
Kouban et sur les îles. Le reste du pays paraît
avoir été boisé aussi, à en juger par quelques
traces d’anciennes forêts qu’on voit cà et là : mais
les nomades qui n’ont cessé depuis l’origine de
l’histoire d’errer sur ce sol, semblent avoir pris
à tâche de le dépouiller de sa parure.
( i) Elle ne dépasse guère cent pieds en hauteur-
— i 3 —
Jusqu’à Ekütérinodar, nous ne nous écartâmes
pas de la rive du Kouban que nous côtoyâmes
en suivant le bord du plateau glaiseux,
qui, chose singulière, n’envoie pas une goutte
d’eau pour alimenter le fleuve ; car même les
sources qui jaillissent à quelques centaines de
pas de la rive vont se jeter directement dans la
mer d’Azof.
Nous aurions trouvé les stanitses des Cosaques
dans un état plus florissant, si le choléra et la
famine de i 833 à i 834 n’avaient sévi cruellement
sur le pays. La KauJcavskaia stanitse, qui
est à 12 verst de Témicheberskaïa, perdit seule
180 personnes par l’un de ces fléaux, et plus de
1,000 chevaux par l’autre : un officier cosaque
y était dans ce nombre pour 4oo chevaux.
Toutes les maisons sont en bois ou en clayonnage.
Quelques églises sont en pierre de Kertche;
toutes sans exception rappellent le style grec
ou le byzantin de l’Abkhasie : croix grecque
avec un dôme, trois portiques et une abside.
Dans Ces vastes steppes, il est singulier de Voir
l’extension que prennent certaines plantes ; cela
m’avait déjà frappé en traversant les steppes du
gouvernement d’Ekatérinoslav. Ici, sur les rives
du Kouban, vous voyez le Hyosciamus niger
entourer les villages. Entre Témicheberskaïa et
la Kaukavskaïa stanitse, le Phlomis pungens
couvre tout seul de vastes espaces de terrain.