plus haut, Ces poudingues, mêlés de couches
minces de grès, montent avec le sentier, et, à la
hauteur de V Eklissa-Bouroun, on se trouve avec
lui au niveau de la yaïla du Tchatyrdagh. Ici
quelques couches du calcaire jurassique qui
forme la corniche de la montagne, séparent le
poudingue de deux petits îlots de schiste qui ont
percé sur les bords de la yaïla. C’est à ne pas
en croire ses yeux que de suivre la confusion
qui règne en général dans le centre de la chaîne
Taurique, autour du Tchatyrdagh.
VEklissa-Bouroun (promontoire de l’église )
parait en suivant de là une ligne à l’ouest vers
l’Alma, la frontière du schiste et du poudingue
dont la teinte rouge prête au paysage un aspect
si singulier avec le vert des bouquets de bois qui
le recouvrent. Au-delà du promontoire, le chemin
descendant de la grande yaïla du Tchatyrdagh*,
sur une terrasse secondaire, appelée Ou-*
zoun-Alan-Yaûa, qui longe l’escarpement jus-^
qu’à son extrémité sud-ouest, l’on peut suivre,
une par une, toute la longue série de couclies
qui forment la grande yaïla et le boulevart méridional,
comme je l’ai dessiné pi, 12, f. 4 et 5.
C’est lé profil le plus net que je connaisse pour
bien voir les couches tranchées sous le même
niveau sur une aussi grande longueur (1). La
( î) M. Montandon , Guide du Voyageur ^ etc. p. 2/0,
yaïla est ombragée de hêtres, de charmes, d’érables
champêtres,
Dans la ligne de l’angle du Tchatyrdagh au
Kantchardagh ou Sinabdagh, j ’ai vu les restes
d’une muraille qui fermait le passage de ce côté-
là, commençant au bord du précipice et s’appuyant
contre l’escarpement impraticable du
Tchatyrdagh : elle est composée, comme les murs
cyclopéens, d’énormes hlocs de pierres couverts
de mousse ; nulle trace de ciment. C’est un des
DémirJcapou (portes de fer) de la chaîne Taurique.
Au-delà, je regagnai, dans un bois de hêtres
magnifiques, qui forme la ceinture du Tchatyrdagh
au midi, la route que j’avais parcourue précédemment
en descendant de la haute cime. Au-
dessus du bois se trouve la limite du calcaire
noir du Tchatyrdagh, du grès et du schiste qui
paraît en-dessous en couches concordantes, pareillement
inclinées et qui forment un terrassement
d’une inclinaison très-douce. Là jaillit à
une hauteur de 2706 pieds une source qui marindique,
sans en bien préciser la place, une immense caverne
percée dans cette muraille calcaire : sa profondeur
n’est pas connue ; mais au dire des Tatares, elle s’étend à
plusieurs verst dans les flancs du rocher. Le premier caveau
peut avoir 5o pieds de haut, et cinq carrosses y marcheraient
facilement de front : les parois en sont couvertes
de mousse ; la glace s’y conserve toute l’année.
#