Je crois qu’un passage de Sfmnus de Chio,
qui vivait 100 ans avant J.-C. ne peut laisser de
doute sur ce nom. Je le transcris en entier,
« De la ville de Lampade au promontoire
élevé de la Tauride, qu’on appelle le Front du
Bélier, on compte 120 stades. C’est là que plusieurs
prétendent qu’arriva Iphigénie, lorsqu’elle
disparut autrefois de l’Aulide.
« Les Taures surtout y pullulent, et leurs
tourbes nombreuses mènent dans les montagnes
une vie errante. Barbares par leurs cruautés et
par leurs meurtres , ils adorent une divinité
aussi barbare qu’eux par ses crimes impies.
« Tout le pays qui s’étend ensuite depuis l’A-
thénéon jusqu’à Kytas, appartient aux Scythes.
« Plus loin s’étend le Bosphore Cimmérien et
la ville de Kimmericum, où s’ouvre aux vaisseaux
un port, lorsque les vents se déchaînent depuis
Voccident. En face surgissent deux îles rocheuses,
mais petites, très-peu distantes du continent.
« Panticapée, la dernière ville , s’élève à
l’ouvertuVe même du Palus Méotis; elle est
surnommée la capitale du Bosphore. »
Aux caractères que Scymnus assigne à Kim-
mericum, il est facile de reconnaître notre ruine,
que les deux îles rocheuses, qui sont les Karavi,
distinguent de toutes les autres positions de la
presqu’île.
Maintenant nous comprendrons le texte de
Strabon, quand il dit : « Dans les montagnes des
Taures, on rapporte qu’il y a aussi une montagne
nommée Trapezus , comme la ville qui
appartient à la Tibarénie et à la Colchide, Dans
la meme contrée est aussi le mont Kimmericum,
souvenir de la puissance des Kimmériéns sur le
Bosphore des Palus Méotis, que l’on a aussi
appelé, d après eux, Kimmérien. » Nous croirons
qu’il veut parler de la montagne d’Opouk,
et nous ne ferons pas comme Ptolémée* qui
place Kimmericum au centre de la Crimée ,
n’ayant pas compris Strabon qui réunissait ces
deux localités à cause de leur analogie avec des
noms étrangers à la Crimée,
Au reste, il paraît que Kimmericum, ainsi que
la plupart des villes de la presqu’île de Kertche,
était presque déserte du temps de Strabon et de
Pline.
Le nom de Kimmericum, dans Constantin
Porphyrogenete, est altéré sous la forme de
Kibernicus, dans l’endroit où il raconte que lés
Panticapeens, battus par les Chersonésiens, furent
forcés d’ériger pour frontière le rempart
d’Akkos, qui s’étendait de la Mer d’Azof à K ibernicus
(1).
Encore un souvenir des Kimmériéns, et de
(i) Const. Porp. De adm. imp. ch. 53. Il ne dit pas
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