une muraille en pierres, flanquée de tours.
Encore en dedans des murs, un immense espace
était consacré aux tombeaux de toutes formes,
dont le sol était jonché. Quelques-unes des
tombes consistaient en voûtes carrées avec les
angles arrondis. Des creux dans le sol marquaient
la foule des sépulcres enfoncés. Au-delà
des murs sur la hauteur, je m’arrêtai auprès du
tombeau de Marnai et des quarante martyrs :
on dit que ce Marnai était un ancien patriarche
qui s’est immolé pour la foi avec ses quarante
compagnons. Je n’en sais pas davantage; il
paraît que c’est un saint musulman. On y va en
pèlerinage. A-t-on quelque maladie qu’on veuille
guérir, on laisse quelque objet autour du tombeau,
ou l’on pend une vieille guenille sur les
arbres et des buissons qui l’entourent. J’y allais
pour la vue, et elle est effectivement aussi vaste
qu’on peut le désirer. Toute la vallée d’Eski-
Krim s’étalait à mes pieds : je plongeais à l’est
sur le golfe de Théodosie. Au nord la vue se
perdait derrière Krinitski, sur les tristes rivages
du Se vache ou Mer Putride.
LA COTE DE CRIMÉE,
DE THÉODOSIE A SOUDAK.
Ceux qui ont du temps devant eux, qui aiment
le pittoresque, et qui ne craignent pas les fatigues
d’une mauvaise route, feront mieux de prendre
le chemin de la côte et de longer le pied de la
chaîne Taurique baigné par la mer. Ce voyage,
jusqu’à Soudak, se fait à cheval. .
Je partis de Théodosie le i 3 juillet i 834»
Afin d’éviter les escarpements pénibles et rudement
sillonnés par des ravins qui bordent la mer
au-delà de Théodosie, je fus obligé de tourner
par la vallée des Allemands qui s’écarte de la
côte. Les extrémités de la chaîne Taürique de
Théodosie à Koktébel consistent en formations
tertiaires anciennes et récentes, qui ont reçu
un mouvement d’ascension dans un des derniers
soulèvements du système taurique, et qui
s’appuient immédiatement avec la craie , sur les
hauts rochers jurassiques.
Le tout présente l’ensemble d’un contrefort