crut, sur la foi du gouverneur civil, qu’il allait
faire une oeuvre méritoire et donna l’ordre de les
abattre. Le comte était à Simféropol. A peine le
gouverneur Kaznatchéïeff eut-il l’ordre en main,
que sans perdre un moment il le fit mettre à exécution.
A la vue d’un sacrilège pareil la population
de Théodosie se récria et envoya en toute
hâte un député au comte pour le supplier de faire
arrêter au moins la démolition des bains. — Mais,
répond le comte, ces édifices menacent ruine.
— On]a trompé Votre Excellence; les bains sont
d’une solidité à toute épreuve, et il serait facile
d’en faire un superbe monument en créant un
bazar sous ses nobles coupoles. — Eh bien soit,
nous verrons, qu’on expédie aussitôt une estafette
avec l’ordre d’arrêter les démolitions.
Mais le gouverneur Kaznatchéïeff avait si fort
à coeur son oeuvre, et craignait tellement un retour
du comte, qu’il n’avait pas perdu un instant,
en accumulant une grande masse d’ouvriers sur
le même point ; il était parvenu, malgré l’extrême
solidité des coupoles et des murailles, à causer
de tels ravages dans l’édifice des bains, qu’il ne
put plus être question de le conserver, l’oeuvre
de destruction est accomplie, et au lieu de la vue
que j’ai dessinée IIIe série, pl. 28, l’on a sous les
yeux une immense place vide, autour de laquelle
se perdent quelques maisons sans apparence,
dont les teintes blanches reflètent l’ardent soleil
— 295 —
de Crimée , et cet espace désert est là pour attrister
les y e u x et pour constater l’ignorance artistique
de M. le gouverneur Kaznatchéïeff.
Eglises catholique et arménienne.
Heureusement pour Théodosie qu’il s’est
trouvé encore parmi ses habitants des amis de
l’art : sans cela la ville aurait pu perdre pour des
raisons aussi plausibles deux autres édifices intéressants,
les églises catholique et arménienne,
les deux Seuls monuments qui rappellent à présent
dans tout Théodosie, l’occupation des Génois
et des Tatares.
Lors delà conquête de la Crimée et de la prise
de Kafa, le gouvernement assigna au culte catholique
pour église, une mosquée moins vaste,
il est vrai, que la première, mais dont l’architecture
était imposante. Sur un cube repose un
dôme circulaire, éclairé par 16 fenêtres en ogive
écrasé oriental; la coupole en plein cintre a 4^
à 5o pieds d’ouverture. Un minaret d’une hauteur
considérable flanquait la mosquée. Tel était
l’édifice ; mais avant de le consaeer au culte catholique,
il avait déjà subi de notables déprédations
; la partie supérieure du minaret était’tombée,
et la coupole avait été dépouillée de sa
toiture en plomb. Longtemps la paroisse catholi