De Polémon Ier, en 14 avant J .-C . jusqu’à
Reskouporis III en 225 de J.-C., le dessin, les
emblèmes, le costume , les armes sont tous
romains ; pas une trace de ce que nous trouvons
dans les reliefs du tombeau : la tête du
roi et le cou sont nus, ou un simple bandeau
tient lieu de diadème, et le manteau romain est
agrafé sur l’épaule. Le bouclier est rond et
l1o'istodoche, si fréquent dans les époques précédentes,
ne reparaît plus du tout. La barbe
longue et les cheveux longs qui reviennent à là
mode avec Roimétalke en i 36 de J.-C., seraient
lia seule analogie; elle ne s’étendrait sur rien
autre.
Du grand Mithridatë à Assandre, c’êst-à-dîre
pendant le dernier siècle -avantnotre ère , nous
avons une longue chevelure ï mais point de
barbe, une dynastie qui a pu porter la naître et
qui a adopté quelques-uns des emblèmes du
tombeau, pégàse, le carquois, le cerf; mais le
eerf paissant de Mithridatë n’ëst point le cerf
terrassé des reliefs; d’ailleurs Mithridatë a été
enseveli à Sinope, et nombre de raisons repoussent
l’idée que ce soit Pharnace.
C’est donc à l’époque antérieure à Mithridatë
qu’il faut faire remonter ce tombeau, et si là
tous les caractères nous manquent, ici tout
concourt à rendre la chose très-vraisemblable.
La première raison qui vient à l’appui de cette
supposition est la lettre F qui se trouve plusieurs
fois répétée sur les reliefs, et qui chaque fois a un
jambage plus court que l’autre, forme qui disparaît
complètement avant le grand Mithridatë.
Elle se trouve répétée entre autres sur un grand
vase en electrum (pl. 22, fig. 5) déformé énigmatique,
trouvé dans le tombeau. Il représente
Un cerf couché. Sur ses flancs sont ciselés un
griffon, un bélier ammon, un lion, un chien
tournant la tête (1), qui tous reparaissent sur
les plus anciennes médailles de Panticapée (2);
Sur le Cou se trouve FAI,qui peut être le monogramme
de Pairisades. *
Secondement, les deux médaillons de Minerve
avec ses attributs, d’un si beau travail , ne peuvent
appartenir qu’à une époque où les rois du
Bosphore se faisaient gloire d’une alliance avec
Athènes, et même d’être citoyens de cette ville,
tels que Leucon, Pairisades Ier, Eumêle. Plus
tard, on ne voit pas le moindre rapport entre
cette ville et les rois du Bosphore successeurs de
Mithridatë.
D’ailleurs il n’existe pas trace de l ’influence
romaine ou de l’art romain dans aucune partie
(1) Le chien tournant la tète parait sur une médaille
d’Eumêle.
(2) Panticapée n’a pas frappé de monnaies particulières
sous la domination romaine : le droit de battre monnaie
appartenait aux rois du Bosphore.