rénaïr, et aux poudingues verdâtres de Mamak,
sinon par l’action d’un gaz plutonien ? Comment
voir dans ces grandes déchirures de gorges, de
grottes et de vallons, et dans ces roches soulevées
, écartées, isolées même, autre chose que
les antres, les cheminées, les gouffres par lesquels
l’effort plutonien a eu lieu ? Dans ce conflit
hypothétique, le vallon de la source du Sal-
ghir est une belle page à consulter 4
A .juger d’après la longueur du cours, ce titre
devrait appartenir à la Kisil-Koba ou à \An-
gar. Mais comme c’est la masse d’eau fournie
qui doit décider, nous irons chercher la nymphe
du Salghir, plus à l’ouest, au pied du Tchatyr-
daeln Là, à ~k v. de Tchafki, s’étend sur des ro-
chers calcaires le village d'Aian, habité par des
Tatares (1). J’allai loger chez l’un d’eux nommé
A Ma, dont la maison, la dernière vers la source,
dominait le vallon étroit par lequel elle a trouvé
un passage. Nous descendîmes à pied, et en me
trouvant au fond, je pus me convaincre que
ce n’était pas autre chose qu’une fente profonde,
dans une montagne de marbre rouge , qui
n’avait que le thalveg nécessaire pour le lit de
la rivière. Nous la remontâmes en sautant sur
les pierres, et à { verst d’Aïan, nous vîmes la
(i) A ïan , contraction de iyioç i e o xws a i n t Jean. Voyez
Atlas, IL série, pl. 48.
fente se fermer par un cul-de-sac,.creusé à vif
dans le sein même de la montagne^ Sous un roc
énorme, couronné d’autres rocs brisés* s’ouvre
une large bouche qui vomit le Salghir tout entier
au milieu des blocs mousseux (1). L ’onde à
peine échappée écume sur un premier banc de
marbre, qu’elle franchit en cascade. Le bruit de
l’onde qui tombe, se mêle au froissement de celle
qui se presse dans les gouffres, ou, pour dire le
mot, dans les entrailles de la montagne. Et c’est
à la lettre : car, grimpant au haut du roc qui se
cintre sur la source, je pénétrai dans une grotte
où je vis, à mes pieds, dans un gouffre qu’on dit
avoir plus de 100 pieds de profondeur, le ténébreux
Salghir bouillonner et tournoyer, arrivant
des profondeurs de la terre pour paraître
à la lumière du jour. Ces gouffres souterrains,
comme les cavernes de Kisilkoba, pénètrent
jusque dans le vif de la montagne, où ils communiquent
avec les gouffres et les abîmes qui
conservent de la neige pendant toute l’année,
sur la cime du Tchatyrdagh.
L’eau du Salghir, en sortant, marque 8° de
Réaum. (2).
Le roc qui constitue les parois du gouffre et
( i) Atlas, IIe série, pl. 48.
(a) P. de Koeppen , üher i 3o Quellen Tauriens, p. 11,
l’a trouvée de 7e,4.
V. *7