les propriétaires de la Côte de l’est ont to r t, et
leur côte tant vantée ne pourra jamais rivaliser
avec l’autre partie que la nature a favorisée
d’une manière toute particulière. Les jets ignés
d’ophitone ne dépassent pas Aloucheta, et tandis
que les dômes du Kastèle, de l’Aïoudagh, de
Limène forment des promontoires, des baies et
des accidents sublimes de paysage, vous ne
trouvez sur cette Côte de l’est qu’une éternelle
et monotone répétition de contreforts de schiste
noir et de ravins étroits, où le commun des
voyageurs s’ennuie à descendre et à grimper péniblement;
le géologue seul peut s’y distraire à
étudier les méandres sans fin que forment les
plissements des couches du schiste* Je citerai
entre autres les parois du ravin de YEdiea.
Les contreforts sont maigrement recouverts
de charmes, de térébinthes, de genévriers de
l’Orient ( Juniperus excelsa ) les plus beaux
que j ’aie vus en Crimée, et qui ont 1 ~ pied de
diamètre. Sur les bords des ruisseaux prospère
Y Agnus-Castus.
Kourou ouzene (le ruisseau sec), où M. le
docteur Lang a ses vignobles, est le premier
vallon habité. M. Lang y possède 8,000 dessé-
tines de forêts et de terrains vagues ou cultivés.
Le contrefort Manganar sépare ce vallon de
celui de Koutchouk-ouzéne (le petit ruisseau),
dont un autre contrefort, qu’on appelle Kutilla,
marque la limite du côté du Touvak. Elevé de
5op pieds, on jouit de là d’une vue étendue,
qui n'a de bornes que le Kastèle et l’Aïoudagh à
l’ouest, Soudak et le Méganome à l’est, et l’imposante
masse du Téirki au nord.
J’arrivai à Touvak précisément lorsqu’on
emmenait une jeune épouse dans la maison de
son fiance. On avait tendu sur deux chariots des
espèces de tapis pour former une couverture
impénétrable aux yeux des mortels curieux •
mais le tout était si bas, qu’assises dans le fond
du chariot, la fiancee et les paranymphes ( suivantes)
pouvaient à peine s’y tenir la tête levée.
Je n’ai pas vu la fiancée; cela est impossible,
d’ailleurs, tant elle est chargée de voiles et de
couvertures.
Au devant du tombereau se tenait un des
accompagnants, assis et portant deux petites
bougies allumées en plein jour. Dans un troisième
chariot on avait chargé la dot qui consistait
en tapis, couvertures, oreillers, etc. On
attela devant chacun des chars une paire de
boeufs : le fifre et le tambour entonnèrent
1 hymne du départ, et toute la caravane s’en alla
descendre à 100 pas de là.
Le coup d’oeil est joli, quand la foule des gens
s empresse autour de la fiancée au moment du
départ : les toits des rues d’alentour sont chargés
d’hommes et d’enfants , et une trentaine de