time de l’église et de la mosquée, qu’il est très-
difficile de dire laquelle a précédé l’autre. Cependant
voici les raisons qui me font pencher
pour cette dernière forme.
D’abord l’édifice est orienté comme une mosquée,
c’est-à-dire que le maharab (niche de i’i—
man où l’on a placé ensuite l’autel) est tourné
vers le midi, ce qui ne peut avoir lieu dans les
églises grecques qui ont invariablement leur
chevet tourné vers l’orient : par conséquent cet
édifice u’a pu être primitivement une église
grecque. Ensuite, on reconnaît ici au premier
coup d’oeil le type des mosquées primitives de
la Crimée, telle que celle de Karagos que j ’ai
décrite plus haut. La partie antérieure, marquée
B, se composait comme dans les mosquées
antiques de la Crimée , d’un portique , l’équivalent
de la tribune des églises du dixième siècle ;
il prenait tout le large de l’édifice, et était séparé
de la coupole par une arcade en ogive
oriental écrasé , supportée par deux pilastres et
deux demi-pilastres carrés, de 9 pieds d’élévation
avec base et chapiteau. Le portique est
éclairé par deux étages de fenêtres basses carrées,
placées en alternant les unes au-dessus des
autres. Tout ceci est tatare, et rien ne rappelle
les absides et la forme en croix des églises grecques,
ni le génie génois, qui aurait placé ici de
belles fenêtres gothiques.
Enfin, la coupole en plein cintre, les pendentifs,
les ornements du maharab et des chapiteaux
sont de style mongol-oriental et non
génois.
Je ne crois donc guère me tromper en faisant
remonter cette mosquée à l’époque où les Tatares
fanatiques chassèrent les Grecs chrétiens
de Soudak, au commencement du quatorzième
siècle. D’autres, pour avoir plus vite fait, l’attribueraient
tout simplement aux Turcs,„lorsqu’ils
eurent pris Soudak aux Génois en i 47^.
mais cela n’expliquerait pas ce qu’il y a de génois
dans cette mosquée ; car il est évident que le
maharab, dont l’entourage est un travail oriental
avec ses rosaces et ses dents triangulaires, a
été changé par eux en autel Comme en fait foi
une inscription gothique avec une date illisible à
présent, parce qu’elle est barbouillée de chaux,
gravée au haut du cadre. Peut-être ont-ils voulu
rappeler l’époque de la prise de Soudak sur les
Gi •ecs, le 18 juin i365. Il sera facile au gouvernement
de faire faire cette recherche en ordonnant
qu’on nettoye l’inscription.
Deux fenêtres percées dans la muraille de
P’est, donnent dans un portique voûté qui longeait
ce côté de l’édifice ; les cadres en sont aussi
d’un travail de dentelle très-commun à l’Arménie
et à la Géorgie. Sur celle marquée b sur le
plan, se trouvait une inscription gothique gé