SIMFEROPOL.
La route de Karassoubazar à Simféropol ne
présente rien de remarquable. A mi-chemin se
trouve la station de Zouïa, près de laquelle s’élèvent
deux grands tumulus. On passe alternativement
sur la craie et sur les tertiaires dont les
formations présentent leurs falaises escarpées
en regard de la chaîne Taurique, en plongeant
légèrement au N. vers la steppe, ce qui offre au
voyageur un horizon fort extraordinaire, composé
de terrasses et de rampes successives (1).
Enfin, j’arrivai à Simféropol, la capitale de
la Crimée ; ici le théâtre géologique change, et
l’on entre dans la troisième portion montagneuse
que j ’ai signalée plus haut. Ce que la chaîne Taurique
avait encore d’énigmatique à Soudak, s’explique
ici : les agents, les moteurs sont à côté
des effets : la nature étale aux yeux de chacun
ses secrets, et ce que l’on ne peut deviner qu’hy-
(1) De Verneuil, Mémoire géologique sur la Crimée,
p a g .17.
pothétiquement dans d’autres pays , on le vo it,
on le touche ici, et la conviction est sans arrière-
pensée. Que le lecteur prenne la carte neuvième
de la cinquième série; il suffira d’y jeter un
coup d’oeil pour comprendre les grands traits
de l’esquisse géologique du pays.
La portion de la Crimée que j’y ai dessinée,
embrasse l’angle S. 0 . de la partie montagneuse
de la presqu’île, et présente l’ensemble d’un
grand cratère à!éruption et de soulèvement, de
20 lieues de long, de 10 de large, différant de
ceux que l’on connaît, en ce qu’il est annulaire
au lieu d’être central, c’est-à-dire que les éruptions
ignées se sont fait jour tout autour d’une
portion de la chaîne Taurique, formant une ligne
elliptique presque continue. Le massif central
est composé, comme à Soudak, des trois
étages de formations que j ’ai indiquées : 10 schiste
noir supposé liasique ; 20 grès basique ; 3° calcaire
jurassique mélangé de couches marneuses
ou schisteuses.
On peut encore mieux qu’à Soudak se convaincre
que ce massif qui forme la moitié de la
chaîne Taurique, est le crêt septentrional qui
bordait le long cratère qui a disloqué en deux la
chaîne du Caucase et celle de Crimée; mais
par quelle cause est-il arrivé qu’il n’y ait que le
crêt septentrional de soulevé, tandis que l’autre,
en opposition avec ce qu’on voit au Caucase, est