lus. On le voyait dominer de toutes parts le
paysage comme un signal.
Tout à coup, le vendredi-saint, m avril 1818,
par une explosion épouvantable, un volcan de
boue se crée une issue au centre même du tertre;
il en déchire les entrailles, en révèle la nature ;
ses éruptions arrachent de gros blocs aux fondements
d’un grand bâtiment , dont les débris
amoncelés avaient créé le tertre ; et même une
belle inscription , en trois fragments, entraînée
par les coulees de boue , vient se déposer au pied
du cone et nous raconter l’histoire de cet antique
édifice : c’est un temple de la déesse Diane
Agrotere. L inscription , recueillie soigneusement,
a été déposée dans l’église d’Akdenghisofka,
ou je l’ai vue et collationnée avec la copie de
M. de Kôppen, qui est des plus exactes. En voici
la traduction :
« Xénoclides Posios a érigé un temple à
Diane Agrotère sous Pairisades, fils de Leucon,
archonte du Bosphore et de Theudosie, et roi
des Sindes, des Toretes et des Dandariens. »
Pairisades Ier, second fils de Leucon, et frère
de Spartocus I I I , régna sur le Bosphore de 34q
à 3i l avant J.-C. et fut contemporain de Philippe
de Macédoine et d’Alexandre le Grand.
N’est-il pas extraordinaire que le volcan de
boue ait choisi précisément cette ruine pour se
créer une issue ? Et avais-je tort de croire que
le Koukouoba avait pu naître sur le tumulus de
Satyrus I ?
Au pied du tumulus s'étend sur la plage, et
dans une position très-riante au bord du liman
d’Aftaniz , le village d’ dkdenghisofka , qui
occupe, à ce qu’il me parait, la position de
l’ancien Képos , dont le nom, qui signifie jardin
, répond fort bien à la nature de la localité
qui devait être le jardin de Phanagorie, que sa
position ne favorisait pas de ce côté-là. C’était
donc ici que les anciens Phanagoriens étaient
venus se créer des campagnes ; semées en amphithéâtre
autour d’une baie du liman aux eaux
douces, elles avaient profité d’un sol fertile, et
les monuments s’étaient accumulés dans leur
voisinage. Le temple de Diane Agrotère en était
un; un éboulement du cap Rakhmanofskoïen a
révélé un second qui n’est pas d’un moindre intérêt
(1). En effet, l’onde battait contre les torses
de deux statues sans tête, en grès ferrugineux ;
le costume de l’une est la longue tunique
grecque élégamment drapée et serrée à la taille
par une large ceinture : le travail en est excellent
, et rappelle le ciseau des beaux siècles de la
Grèce (2).
(1) Voyez l’histoire de ce monument dans la Comosaryç
de Ko chier,
(2) Atlas, 4e série, archéol. pl. j 7 , fig. 5,