cienne ville grecque dont la géographie de Stra-
bon nous révèle le nom. C’était Tyrambé ( 1),
avec son port sur la Mer d’Azof. Le port est encore
visible et se reconnaît à une espèce de môle
qui s’avancait dans la Mer d’Azof pour le protéger
contre les vents du N. E. A l’ouest il était
abrité par un léger cap. Il est presque entièrement
comblé et couvert de roseaux. Sur la
plage du port où s’étendait une partie de la ville
grecque, se trouvent aujourd’hui quelques maisons
de pêcheurs, qui portentle nom de Khouter
de Temrouk.
Sur la colline, au-dessus du port, l’acropolis
ou ville fortifiée occupait une partie du sol des
fortifications russes et s’étendait plus à l’O. Le
fossé qui l’entourait existe encore en partie, et
la séparait de ses nombreux tumulus qui couvrent
par centaines tout le sommet de l’île
jusqu’à 5 ou 600 pas de distance : ils ont 6
à 7 pieds de haut, à l’exception d’un seul qui
est au milieu, et qui est beaucoup plus grand.
Ces tumulus seuls suffiraient pour prouver
l’existence d’une ville milésienne, et nous verrons
bientôt leur apparition liée à toutes les anciennes
colonies du Bosphore ; le nombre seul et la
(1) ©uoap/3/j peut se traduire par la porte élevée, la
porte sur la colline; apj3rj, aufîwv signifie le bord élevé du
milieu d’un bouclier, la partie élevée d’une montagne, ce
qui correspond assez bien avec la localité.
grandeur des tumulus décident de l’importance
de la localité.
Des traces d’habitations sont aussi visibles
vers la rive du lac Aftaniz. Le sol qui est en
falaise le long de la Mer d’Azof, s’incline doucement
vers le lac et se compose d’un sable co-
quiller tout semblable à celui du rivage de la
mer, ce qui prouve que cette île est d’origine
azovienne ou récente. Ce sable est parfaitement
le même que celui qui compose la pierre de
Kertche, calcaire tertiaire très-récent, et je ne
puis m’empêcher de croire qu’il se forme encore
de ce calcaire comme il s’en formait jadis dans
une mer basse à courtes lames.
En avançant vers le centre de l’île, le sol
devient glaiseux et fertile : il offre les traces
d’anciennes forêts.
L’île a 6 verst de long (1), et se termine par
une pente douce, sablonneuse, vers la station
de Pérésippe. Le haut de cette pente est couronné
derechef par deux grands tumulus que
de La Motraye appelle Adcis-Bournout (pointes
de l’île).
A l’extrémité sud-ouest s’accolle une colline
isolée, large, écrasée, voisine du lac Aftaniz,
(1) Plus exactement, la redoute de Souvarof est à 8
verst 4<>o sagènes de Temrouk et à 5 v. 3oo sagènes de
Pérésippe.