contentent pas de cotonnade ; tout est doublé en
soie ou en chcili.
Je m’endormis fort content de voir celte
journée écoulée. Reveillé à l’aube du jour par
mon hôte qui allait faire sa prière et ses ablutions,
j’éprouvai quelque mécompte en mettant
le nez a l’a ir , de voir que le vent nous avait
amené la neige et les frimats. Je m’en consolai
et en attendant mon équipage, j ’allai me chauffer
au feu de fumier-tourbe qui brûlait déjà d’une
flamme attrayante et qui répandait une douce
chaleur dans la hutte, malgré les fenêtres sans
vitres et les portes mal jointes.
Mon hôte s’assit à côté de moi, et bientôt sa
femme, encore parée depuis la fête de la veille,
étant rentrée, vint aussi s’accroupir à côté de
nous. Sa figure était agréable, quoique la nature
n’eût rien oublié de ce qui caractérise la
race nogaïe: de grands sourcils arqués, des yeux
noirs, de longs cheveux noirs et rudes, qui lui
descendaient derrière les oreilles jusque sur le
cou, sous le voile qui recouvrait sa tête. Une
grande pelisse bleue, bordée de fourrure, lui
descendait jusqu’aux genoux. De grands pantalons
turcs d’étoffe rouge à grands bouquets lui
couvraient jusqu’à la cheville du pied.
La conversation roulait sur ce qui s’était passé
la veille de paj’t et d’autre chez les hommes et
chez les femmes, quand la fille de mon hôte se
présenta sur le seuil de la porte : elle avait
quinze à seize ans. Vive, elle eut bientôt chasse
le chat du coin du feu pour s’y accroupir elle-
même, et j’eus tout le loisir de 1 examiner.
Jamais je n’ai rien vu de plus élancé : c’était
une rose sur une tige de roseau , car elle était
jolie,. Son père étant de la race des Tatares des
montagnes qui ont des traits presque grecs, et
sa mère étant Nogaïe ; il en était résulté un mélange
qui ne manquait pas d’agrement. Elle avait
de sa mère des yeux noirs à fleur de tete et ses
beaux sourcils; mais sa figure ovale et non
ronde et le bas du visage était de son père, et
rappelait les traits des jolies Grecques de
Kertche. Sa taille élancée est aussi quelque chose
qui n’appartient pas à la race nogaïe ou tatare
pure.
Elle portait un fe z (calotte rouge) avec un
grand galon d’or et une petite chaînette de paras
et d’autres petites pièces de monnaie. Sa longue
robe bleue, ouverte par devant, lui serrait la
taille ; un jupon et de grands pantalons rouges à
la turque, formaient le, reste du costume. Elle
me regardait d’un air curieux, et moi-meme, je
ne me lassais pas de l’examiner, quand on vint
me dire que mon équipage était là. Il en était
temps : oubliant incivilemenl ma jolie Tatare, je
courus charger mon bagage. E n croirai-je mes
yeux et oserai-je avouer la nature de ce pom