on a brisé les têtes, et qui semblent encadrer
comme deux génies ces sujets si gracieusement
exécutés. Les angles du soubassement sont
remplis par un lièvre et par un chien.
Le côté étroit à gauche a été représenté
IVe série, pl. 26, fig. 2. La figure principale est
celle d’un roi, reconnaissable à son diadème,
assis sur un siège recouvert d’une peau de lion.
Il est aveugle, à moins que les creux des yeux
n’aient été faits pour y placer des yeux de
pierres précieuses. De la main gauche il retient
son vêtement, et paraît tendre l’autre à un
homme placé à côté de lui. Devant lui un guerrier
tourné de face paraît prendre congé pour
monter à cheval, tandis que derrière le roi, une
autre figure en tunique s’avance en s’appuyant
sur son épaule, comme pour écouter ce qu’il dit.
La tête du roi seule est intacte; les autres ont
disparu.
Le couvercle du sarcophage (IVe série, pl. 26,
u. 1) représente un divan grec, recouvert d’un
tapis richement décoré, sur lequel un homme
et une femme sont à demi-couchés ; de leur bras
gauche, ils s’appuient sur des coussins : les têtes
ont été enlevées. Je ne doute pas que l’homme
ne soit le roi du relief précédent : il a devant
lui un livre fermé qui repose sur le coussin.
Sa main droite repose tendrement sur l’épaule
de la reine qui est devant lui; elle porte le
costume grec, et ses bras sont ornés de bracelets.
Le côté court est entièrement détruit.
Parmi les fragments dont le vandalisme a
jonché le sol, j ’en ai reconnu un que l’on ne
sait comment faire cadrer dans ces reliefs : c’est
une tête avec de petites oreilles de Satyre.
Le travail de ce monument est digne d’admiration
, et je ne crois pas que le musée de
Kertche possède rien de plus précieux. On est
seulement frappé de la ressemblance étonnante
qui existe entre ce sarcophage et celui d©
Septime Sévère ( 222 à 235 de J.-C. ) et de sa
mère Mamméa à Rome. La disposition des deux
statues couchées est à peu près la même, et
dans les reliefs on retrouve aussi l’empereur
assis, tandis que des guerriers et des chevaux
autour de lui se préparent à célébrer des jeux
funèbres (1).
Cette analogie ferait supposer que le tombeau
de Kertche est d’une époque voisine des règnes
de Roïmétalke et à'Eupator, les premiers rois
du Bosphore q u i, après Mithridate , se laissent
croître la barbe. Ils sont contemporains d’Adrien,
d’Antonin, de Marc-Aurèle. Mais c’est
avec les têtes de Roïmétalke, que celle du sarcophage
a le plus d’analogie*
(1) Montfaucon,éd. ail. in-folio, p. 3p8, et pl. 137, f. 5.