en fragments de gypse; le bitume et des efflorescences,
tantôt salines, tantôt sulfureuses, sont
mêlées à tous ces éléments, qui rappellent là
constitution du sol tertiaire de Kertche et de
Taman (1).
La vue dont on jouit du haut du Koukouoba
est superbe et la plus étendue de tout le
pays d’alentour. Le Bosphore surtout, et la côte
de Iénikalé avec son phare et ses rochers, forment
un tableau unique dans son genre et des
plus grandioses.
Au pied du Koukouoba, mon Cosaque me
montra des ruines que je crois être celles de
Patroeus, et d’ou lui venaient plusieurs médailles
bosphoriennes qu’il me céda, entre autres une
petite monnaie en argent de Phanagorie, unique
par ses emblèmes, que je donnai à M. le gouverneur
de Stempkovsky qui paraissait me l’envier
beaucoup. Elle fut estimée 200 francs après sa
mort, dans l’inventaire que l’on fit de son pr écieux
médailler.
Après la description que je viens de donner
du volcan de boue du Koukouoba, on doutera
que ce terrible vomisseur (2) puisse être le mo(
1) Voyez Atlas, Ve série, géol., plans, coupes, pl. XV,
fig. 1, 2 et 6.
(2) En russe Blevaki, c’est un des noms qu’on donne
aux volcans de boue. Les Russes ont encore ceux de
nument érigé par la reconnaissance au roi Saty-
rus. Eh bien, malgré de si fortes présomptions
contre mon opinion, je ne continue pas moins à
la soutenir très-vraie, et l’on verra plus bas mes
raisons qui paraîtront, j’espère, valables aux
yeux des plus incrédules.
Le Koukouoba n’est pas le seul volcan de boue
de la péninsule kimmérienne. Mon Cosaque, en
me faisant longer la côte au N. O. de Fontan,
et le liman de Bouchoukoï, me conduisit à travers
de magnifiques campagnes labourées par les
Cosaques ou restées en pâturages que tapisse la
rose pygmée, jusque sur la côte de la Mer d’A-
zof. L à , près du Khouter Kalougof, dans la
haute falaise de la côte, nous trouvâmes un grand
enfoncement circulaire dont le fond voisin de la
mer ressemble à un cratère de cent pas de diamètre;
tel est le laboratoire du volcan qui, du
fond de cette chaudière, verse sans cesse des
torrents de boue et de bitume vers la côte, dont
ces commotions ont bouleversé les couches (1).
Greznei-gOra, montagne de boue ; Gnila-gora, montagne
pourrie -, de Horilka-Moghila, en langue cosaque, colline
qui brûle ; Pékla, enfers, est aussi une des épithètes qui
leur est commune : les Cosaques disent Prékla. Koukouoba
( plutôt Kououk-obo ), en tatare, signifie montagne
bleue, à cause de sa teinte quand on la voit du Bosphore.
(1) Voy. Atlas, 5' série, coupes et plans, pl. 25, fig. 10.