velles courses. De plus je voudrais retrouver le
cratère qui a vomi les blocs d’ophitone de Ka-
rabagh. C’est pourquoi j ’escalade péniblement
les pentes qui supportent le plateau élevé de
Biouk-Lambat, et étudiant des yeux les champs
de blocs bleuâtres que l’escarpement a retenus
malgré eux, je les suis comme le fil du labyrinthe.
Enfin, arrivé au-dessous du village, je vois
percer deux petits jets d’ophitone : mais je ne
puis croire qu’ils aient lancé tous ces blocs erratiques.
Je traverse le village et la grand-route
; je monte encore et j ’arrive enfin au pied
d’un nouveau chaos, deux hautes collines composées,
au lieu de fragments de calcaire, de
blocs d’ophitone entassés pêle-mêle. Ces blocs
sont d’une grande taille et arrondis; on voit
qu’ils ont surgi sur place et qu’ils ont versé leur
trop-plein sur la pente, jusqu’à la mer.
C’est un spectacle curieux qu’un cratère de
ce genre, qu’une énorme bouche par laquelle
ont surgi ces gros fragments brisés dans le sein
de la terre, broyés et arrondis au fur et à mesure
qu’elle les vomissait. Un partisan des glaciers
me dira en battant les mains de joie que
j ’ai trouvé là une moraine ; mais je lui répondrai
: Que les travaux qu’on a exécutés au pied
de la colline pour établir la chaussée, ont fait
trouver la roche en place, consistant en ophi-r
tone jaunâtre à fissures angulaires, qui repose
sur des lits d’ophitone globuleux, semblable à
celui que j ’ai décrit plus haut. Le schiste en
contact avec l’ophitone est extrêmement altéré
et brisé dans ses couches, et le calcaire gris, qui
est dans le voisinage, devient marbre rouge auprès
de la colline de Vsl'ithodor. Secondement,
aux blocs d’ophitone n’est mêlé aucun débris
du calcaire noir du Balgatur qui domine l’Aï-
thodor, dont il est séparé par un profond vallon
de schiste 5 une moraine renfermerait les deux
espèces indistinctement. Enfin, aucun bloc
d’ophitone ne se montre au-dessus de la colline
d’Aïthodor; vomis parce cratère, ils n’ont pu se
répandre qu’au-dessous en roulant jusqu’à la
mer.
La colline la plus élevée a servi de refuge
à d’anciennes populations comme les roches
inaccessibles du chaos. Le sommet même
est occupé par les ruines de l’église grecque
de St.-Théodore (Aïthodor), bâtie en ophitone
taillé, et en tuf qui a servi à la confection des
voûtes et de quelques autres parties de l’édifice.
Le bâtiment est composé de deux corps;
l’un, plus grand que l’autre et carré long, à
l’ouest (1); l’autre ayant la forme des chapelles
(1) M. de Koeppen, Sbornik, p. i 63 , lui donne i 3 pas
de long, 9 de large.