que s’adressa au gouvernement pour demander
des secours, afin de restaurer l’église qui se tlé—
gradait par les eaux de pluie qui s’infiltraient par
la coupole. Le gouvernement répondit que la
paroisse était assez riche et assez nombreuse pour
le faire à ses frais. Elle prit courage, et lors de
mon dernier séjour à Théodosie en i 834, l’église
venait d’être entièrement restaurée à ses dépens,
Il en fut de meme de l’église arménienne, l’un
des plus anciens temples de cette nation à Kafa.
Celui-ci intérieurement et extérieurement est
une copie des édifices consacrés au culte en Arménie
, et la tradition artistique s’y est conservée
pure (i). Le portique surtout frappe les regards
comme la partie la plus ornée de l’édifice.
On se rappellera en le voyant la disposition et les
ornements de celui d’Etchmiadzin : mais au lieu
du plein-cintre nous avons ici l’ogive génois.
Les moulures et les rosaces sont aussi variées
que dans les styles gothique et bizantin. Dans
les angles de la bordure qui encadre l’arcade du
portique , on voit deux images de saint George,
ce saint si fêté auquel les Géorgiens et les Arméniens
ont tant de foi. Les murs intérieurs et extérieurs
sont enchâssés de croix tumulaires placées
les unes sur les autres comme en Arménie,
Il est intéressant de voir avec quelle constance
l’Arménien, dans ses colonisations lointaines, a
conservé fidèlement les traditions artistiques de
sa première patrie. J’en ai donné la preuve dans
la planche où j’ai représenté l’église arménienne
de Kafa, et où l’on trouve en même temps des
monuments de la grande Arménie et de la Ga-
licie (1).
Le bazar de Théodosie a été construit avec
des colonnes turques de tous genres qu’on a
réunies.
La ville de Kafa était entourée de nombreux
jardins dont la fraîche verdure recouvrait en
majeure partie les pentes aujourd’hui nues et
stériles des collines, Théodosie n’a rien conservé
(1) L’une des plus anciennes églises arméniennes se
trouve à Zvaniets, près du Dniestr en Podolie : l’intérieur
en est revêtu de pierres de taille (grès de transition de
Kitaïgrod) , couvertes de ciselures d’une exécution très-
soignée. Cette petite église date de la fin'du 15e siècle ; le
château de Jasloviets en Gâlicie, dessiné IIIesérie,pl. i t ,
a servi dé résidence à la célèbre famille polonaise des
Konietspolski, dont le dernier rejeton périt en tombant
dans un puits qu’dn montre encore. L’autre bâtiment servait
de résidence a l’évêque arménien de Jasloviets , avant
que les indignités commises par le père du dernier des
Konietspolski sur les Arméniens , les eussent forcés de
quitter cette ville pour se retirer à Léopol ou Lemberg,
dont ils ont fonde la grandeur et la richesse actuelles.