mière qui porte les caractères de la côte de Crimée,
c’est-à-dire qui, comme celles de Soudak,
d’Aloucheta , de Yalta , présente dans un large
écartement des roches calcaires, un thalveg,
circonscrit par un amphithéâtre de collines schisteuses.
La vue que j ’ai donnée d’Otouze (1) fera
mieux juger de cette forme physique du sol , que
de longues paroles. A gauche dans l’angle du
dessin, l’extrémité du Karadagh s’entr’ouvre
pour donner ouverture à la vallée d’Otouze jusqu’à
la mer. La crête de montagnes qui se relève
à l’ouest, prend le nom de Yetchekidagh,
et s’étend le long de la mer jusqu’à Koze. Partout
le fond du vallon est schisteux.
La rupture entre le Karadagh et le Yetcheki—
dagh, et marquée dans la mer par une baie que
quelques antiquaires, dont M. de Blaremberg est
du nombre, prennent pour le port des Tauro-
Scythes mentionnés dans Scymnus de Chio. La
présence d’anciennes ruines sur la côte a favorisé
cette hypothèse, qui n’est justifiée néanmoins
par aucun monument particulier : des monnaies
antiques attestent seules la nature générale des
ruines. M. de Koeppen (2), en a donné le plan :
elles s’élèvent sur une colline au bord de la mer.
(1) Atlas , IIe série, pitt. pl. a.
(2) Krimskii-Sbornik, p . 102 . Voyez aussi la belle carte
qui accompagne le texte.
On y reconnaît une enceinte fortifiée, avec deux
tours , l’une ronde, l’autre carrée, et plusieurs
autres corps de bâtiment. Il est presque certain
que cette localité est celle que les géographes des
quatorzième, quinzième et seizième siècles appellent
Callitera ou Callita, qui répond au T)ja-
lita du géographe de Nubie, le premier endroit
habité par les Komans à Fest de Soudak, sur la
côte de Crimée.
Au haut de la vallée, sur un sol moins resserré,
se présente le village d'Otouze, divisé en
deux groupes, le haut et le bas : les maisons
blanches ressortent sur la verdure foncée. Les
montagnes ne sont couvertes que de clairières.
L ’usage de la tuile pour les toits indique un climat
plus humide que la côte occidentale qui n’a
que des toits plats en terre. Les peupliers pyramidaux
se dessinent fort bien dans le paysage
où le vert de la vigne est plus clair, plus tendre
que celui du feuillage des arbres, tandis que ce
qui est prairie est d’un vert pâle, brûlé. La mosquée
du village avec son grossier minaret, est ce
qu’on peut voir de moins élégant. A gauche un
moulin à vent tatare, avec huit ailes, est un
échantillon de ce genre de constructions si simples
et si légères, pivotant comme les moulins
d'allemagne dits bockmühle. Les parois et même
le plancher sont des claies de branches tressées.
Plusieurs particuliers ont fondé des établisse