et qui épouvanta tellement une partie de la nation
arménienne , qu’elle vint se réfugier chez
les Tatares du Kaptchak , dans les environs
d’Astrakhan : de là elle envoya des colonies en
Crimée; elles s’établirent en i 34o avec l’approbation
des Génois à Kafa, à Eski-Rrim, et dans
les environs de Soudak (1). Avant la prise de
possession de la Russie en 1783, Peyssonel dit
que les Arméniens avaient 24 églises à Kafa , et
Le Vasseur de Beauplan, un siècle plus tôt, en
compte même 32. La plupart sont détruites et
ont passé à d’autres usages. Une seule n’a pas
changé de destination; j ’en parlerai plus bas.
Celle dont il est question ici sert de magasin ;
son intérieur a conservé la distribution des
édifices religieux de l’Arménie, un grand oratoire
pour portique, et plus loin la nef, le dôme
et le choeur avec les sacristies latérales.
J’ai copié sur les murs extérieurs deux inscriptions
arméniennes, dont voici la traduction
:
i° Que ce saint signe ( la croix ) intercède
pour Grégoire . . . . en 886 (1437 de J.-C.).
(1) Saint-Martin, Mémoire sur VArménie, I, p. 114.—
P. deKoeppen, Krimskii Sbornik, p. 28. Une inscription
du monastère de St.-George, près d’Eski-Krim en fait
remonter la fondation, à la fin de la quatrième dizaine du
quatorzième siècle.
«pf ipflppglp
.
I
— 289 —
ù? Que ce saint signe intercède pour le seigneur
George, pour Eranouy, pour Osky-Kha-
num, l’an 921 (î472 de J •-£•)•
Kafa fut conquis par les Turcs onze ans après
qu’on eut posé la dernière de ces inscriptions.
A droite de mon dessin, dans l’angle qui
restait entre les anciennes fortifications et la
citadelle, à la pointe méridionale de la baie,
s’étendent les bâtiments de la quarantaine nouvellement
construite , mais sans grande importance
commerciale depuis que l’on a transporté
à Kertche les marchés de la Mer d’Azof. Quand
j ’ai passé à Théodosie en juillet 1834, il 11’y avait
que 4 vaisseaux en rade, dont aucun ne faisait
quarantaine. Cet établissement est fort bien
entendu, et m’a paru propre et soigné : je visitai
dans l’enceinte de ses murailles une petite mosquée,
une petite église arménienne et une fontaine
avec une inscription arménienne placée
au-dessus d’un relief représentant un agneau.
L a quarantaine s’est trouvée une des premières
exposée aux ravages de l’inondation dont j ’ai
parlé ci-dessus.
A gauche du tableau s’étend le long du rivage
de la mer, qui présente une plage assez unie, la
partie habitée de la vaste enceinte de la ville.
C’est là qu’étaient, du temps des Génois et des
Tatares, les principaux édifices ; il en reste à
peine un aujourd’hui. La grande place de Théo-
V. <9