Cimmérien , d’où il a été déposé au musée du
Vatican. Nous verrons bientôt que ce n’est pas
le seul que l’on soit allé chercher dans les
tombes de la Scythie pour orner les musées de
l’Europe.
Sur le vase n° 2, la scène est différente; c’est
le Scythe lui-même à cheval dans son costume
cousu de plaquettes d’or, combattant contre le
griffon de Panticapée.
Sur le troisième vase, la scène est grecque,
et le griffon paraît suivre dans quelque procession
un porte-flambeau, pendant qu’il porte sur
son dos un personnage chargé d’un emblème,
peut-être d’un gâteau sacré.
Peut-on douter que ces trois vases ne viennent
de Panticapée?
La planche XII en est encore une preuve. La
fable ou plutôt l’histoire des Amazones est née
sur le sol de Panticapée, sur les rives du Bosphore
Cimmérien; est-il rien d’étonnant de voir
ce sujet représenté sur les vases de Panticapée ?
Déjà Strabon a dit qu’il n’y avait pas d’histoire
qui parût plus fabuleuse et qui fût plus avérée.
Réduite à sa simple expression, c’est celle d’une
peuplade caucasienne qui fait des incursions
dans l’Asie mineure, qui y est exterminée à
l’exception des femmes qui en reviennent. —
C’est celle d’un peuple de même origine qui part
des rives du Bosphore et qui, à l’imitation de
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tant d’autres peuplades, longe les rives de la
Mer Noire et arrive, à travers la Thrace, jusqu’à
Athènes. Le fabuleux que les Grecs mettent dans
leurs récits, est de leur cru ; ils aiment à embellir
les mythes de leurs héros, et au milieu du merveilleux
dont ils entourent Hercule et Thésée, il
est facile d’arriver à une juste appréciation du
mythe. Hérodote touche déjà davantage à l’histoire,
et Strabon enfin nous met sur son terrain,
et par sa géographie nous savons où les trouver.
Rien de plus naturel donc qu’à Panticapée on
s’occupât de ses voisins ; les Bosphoriens étaient
en contact journalier avec les Sauromates Gu-
nailwkratoum'enes ( gouvernés par des femmes)
011 avec les Ghèles (Gala ou Ingouches d’aujourd’hui),
auprès desquels elles habitaient ; ainsi je
n’irai point chercher dans les hauts faits de Thésée
ou d’Hercule, l’explication du combat représenté
sur ce vase, mais je croirai plutôt y
voir quelque trait de l’histoire locale.
Trois Grecs combattent contre autant éiAmazones.
Les Grecs sont nus, armés de grands
boucliers sur lesquels ils ont peint la tête de
Méduse ou le serpent replié , qui inspirent de
loin la terreur. Le principal personnage porte
un casque à la façon de celui d’Achille ou de
Thésée ; les autres ont le bonnet de feutre presque
rond ; une espèce de manteau flottant est
retenu sur leurs épaules.
V. 12