Quand on a quitté les collines de Kertche, ses
tumulus et ses pics à polypiers , le pays devient
d’une monotonie semblable à celle d’une steppe.
Partout des villages tatares abandonnés, de
vastes cimetières, et fort peu d’habitants le long
de la route.
La première station de Soultanoufka est à
23 verst de Kertche. Cette station a des sources,
des puits ; ceux qui vont de Théodosie à Kertche
voient d’ici, pour la première fois, cet horizon
couronné de tumulus et de pics à polypiers qui
caractérisent les environs de Kertche (2).
A moitié chemin entre Soultanoufka et
Arghin, deuxième station de 28 verst, on passe
le rempart diAkkos.
La troisième station est celle de Porpatche,
à 27 verst d’Arghin. Porpatche est à peu de
distance en dedans du rempart d’Assandre.
D’ ici l’on a 22 verst jusqu’à Théodosie.
Ceux qui se rendent à Simféropol- et qui ont
des chevaux à eux, peuvent éviter le détour de
Théodosie, en se rendant tout droit par le milieu
de l’isthme à KrinitsJci. On passe alors par
Armeil et par Karagos, célèbre par sa mosquée
antique qui appartient au style primitif de l’architecture
tatare en Crimée. C’est une des quatre
plus anciennes, J’en ai donné un dessin IIIe
série, pl. 28.
C’est un grand dez, surmonté d’une coupole
circulaire. Tout est ligne droite ou plein cintre.
Ceci rappelle l’église de la forteresse de Soudag.
A l’un des angles s’élève le minaret à douze pans
avec sa galerie.
Le commerce appelle quelquefois les habitants
de Kertche à se rendre au nord de la Mer
d’Azof. Dans un cas pressant| quand on fait la
route par terre, on passe par la langue d’Arabat,
entre la Mer Pourrie et la Mer d’Azof. On quitte
alors la grande route à Arghin. Ce trajet d’Ar-
ghin a Arabat est célébré dans les légendes
tatares ; un berger qui ne craignait pas Dieu,
disent-elles, fut changé en pierre avec tous ses
moutons, et on vous montre en effet, à quelques
verst d Arghin, une multitude de pierres couchées
à côté les unes des autres dans un lac qui
se dessèche en été. Une plus grande pierre au
milieu représente le berger. Un Tatare tremble
d’approcher de ce lieu terrible, et n’ose y passer
pendant la nuit. Près de là sont sept puits excellents
qu’on appelle les sept frères.