rendre raison de cette similitude à des distances
si considérables. J’ai appelé ces vases sacrés ou
funéraires, par suite de mes recherches, et s’il
m'est permis, je vais en résumer les faits les plus
importants.
J appelle vases sacrés ou funéraires, des urnes-
a ventre large, à col peu rétréci, flanquées de
deux anses qui partent du bord pour descendre
presque perpendiculairement sur le ventre. Leur
forme varie entre celles que j ’ai dessinées planche
VII, fig. 2 et 5. Ces caractères généraux
comptent également pour la grande Grèce et
pour Panlicapee : la grandeur des vases est
moyenne; il n’y en a pas au-deSsous de 9 pouces
de hauteur; quelques-uns ont jusqu’à 15 pouces.
A ces caracteres qui peuvent être plus ou
moins variables, ces urnes joignent une marque
distinctive; ils sont ornés de deux dessins représentant
des sujets si différents, qu’011 a peine
à croire qu’ils soient sortis de la plume du même
artiste.
L’un très-varié, représente des scènes de la
vie privée ou empruntées à la vie publique.
L’exécution en est soignée, le dessin est fini ,
même élégant.
L’autre sujet par contre n’est qu’une ébauche
grossière, faite à la hâte et à grands traits : c’est
une éternelle répétition des mêmes personnages,
avec quelques variations dans la pose, dans le
nombre des figures, et dans les emblèmes qui
les accompagnent.
Ces dessins comparés aux reliefs connus des
Thesmophories, on voit bientôt que ces personnages
à longs manteaux sont des initiés qui
représentent quelque scène des mystères de
Cérés Thesmophore. En effet, qu’on compare
les dessins des vases avec celui d’un autel de
Cerès Thesmophore trouvé sur l’acropolis de
Panticapée, et l’on verra que ce sont parfaitement
les mêmes figures, les mêmes poses et les
mêmes costumes (1).
Persuadé de la vérité de ce fait, je crois qu’on
ne peut pas se faire une meilleure idée de la
tendance et de l’importance de ces vases funéraires
placés dans les tombeaux, qu’en les envisageant
comme des epèces d’extraits de baptême
qui prouvaient que le défunt avait été
initié à tel ou tel degré aux mystères. Car quel
était la tendance, le but principal des mystères ?
L’enseignement du dogme d’une divinité toute
puissante, punissant le vice, récompensant la
vertu. C’est à cause du dogme qu’on s’initiait,
parce que par la foi en ce dogme, on espérait un
bonheur éternel après la mort— Et l’initié en
emportait même le gage dans la tombe. Le vase
qui était son extrait de baptême, les initiés le
(i) IV* série, pl. X V II, fig. i