Ruines delà forteresse de Soudak.
Il est peu de ruines qui présentent un aspect
plus grandiose, plus mélancolique et plus silencieux
que celles de la Forteresse de Soudak. L’on
y va seul, se laissant guider par les souvenirs
que l’on a recueillis, et par les sentiers presque
effacés que les visiteurs ont tracés au milieu des
murailles et des édifices abandonnés. Nul cicérone
ne vient vous molester de son inflexible
itinéraire, et vous fatiguer de son ennuyeusè
érudition. On suit son instinct, et dans cette
foule de monuments, la pensée et l’intelligence
qui scrutent s’adressent au premier qui se pré-
sente. Je ne songe pas à suivre d’autre méthode
dans mon pèlerinage aux ruines de Soudak.
Je traversai les beaux vignobles, et, me dirigeant
vers la mer; j ’abordai bientôt le pied du
rocher erratique pyramidal, qui porte les trois
étages* de la forteresse, monument aussi vaste
que fort, pour les temps ou il fut construit. Ce
rocher à pic du côté de la mer, qui en baigtae le
pied, est manifestement inabordable de ce bote
là. Mais du côté de l’intérieur de là vallée, ses
flancs, d’abord très-escarpés, s’abaissent à mi-
Gazetle Allemande de Saint-Pétersbourg, n° 109, j|S> mai
i 8 3 4 .
hauteur, sur une terrasse. Le talus de la terrasse
est bordé d’un rempart très-haut et très-épais,
flanqué de dix tours rondes ou carrées, formant
un arc irrégulier en avant du rocher principal.
La porte d’entrée défendue par un ouvrage; extérieur,
partage presqu’en deux moitiés égales
la muraille. On y arrive insensiblement sur le
dos des couches de gros poudingue récent dont
les dépôts horizontaux abordent les flancs du
rocher auquel ils servent de pont naturel (1).
Là, devant là porte, s’étend au N.-O. la colonie
allemande, bâtie sur les ruines d’un village tartare
ou turc, qui avait lui-même succédé au faubourg
génois de Soldaya. Entre le village et là
porte coule, dans, un bassin, composé de pierres
antiques, une belle fontaine, que jadis les Génois
avaient amenée jusque dans la forteresse; 011 l’a
ornée d’un:relief tiré des ruines, représentant
saint Georges! tuant. le dragon ; à droi te est un
écusson aux armes du doge Adorno ; celui de
gauche est effàcé.
La pòrte principale est percée dans l’épaisseur
d’une haqte tour carrée , dont une inscription ,
qui est a droite eu entrant, rappelle le fondateur ^
Je l’ai copiée sans, difficulté * quoiqu’èlle soit
écrite en lettres gothiques, et elle porte ce qui
suit :
( 1 ) Atlas,:ih s é p e 45 et;plv 64, fig.f|3 ©tS$st)