Panticapée fut gouvernée par ses propres magistrats,
les archéanactides qui demeurèrent à la
tête de la municipalité de 480 à 438 avant J.-C,
Mais à côté de ces magistrats, il existait dans
le Bosphore d’Europe et dans celui d’Asie, un
pouvoir scythe ou maéte indigène,que l’ambition
porta à s’assujettir des villes grecques. En 437
avant J .-C ., un certain Spartocus s’empara du
pouvoir à Panticapée, et remplaça les archéanactides.
Pour ne pas effaroucher les Grecs que
la royauté aurait effrayés, il ne prit que le titre
d’archonte du Bosphore (c’est-à-dire Panticapée
et Phanagorie), tandis qu’il prenait le titre de
roi des pay s qui entouraient les colonies et qui
étaient son patrimoine»
Les colonies conservèrent leurs formes municipales,
qui rappellent les bourgeoisies suisses
et les villes impériales d’Allemagne, pendant
4o2 ans, jusqu’à Assandre qui prit le titre de
roi du Bosphore en 36 avant J.-C.
Sous ce premier archonte et sous son succes-
seur Seleucus, le rempart du Mont d’Or était
la limite du territoire de Panticapée, et Nym-
phée, la colonie la plus voisine, était àu pouvoir
des Athéniens. La trahison d’un certain Gélon,
grand-père maternel de Démosthènes, ouvrit
les portes de Nymphée à Spartocus I I , en 4io
avant J.-C., et les Athéniens en furent dépossédés.
Satyrus /, fils de Spartocus II, fut néanmoins
gratid ami des Athéniens ; ce fut lui qui agrandit
le royaume sur la côte d’Asie : il fut tué au
siège de Theudosie, et j ’ai dit que Strabon rapporte
que le lumulus du Koukouoba fut érigé
en son honneur.
Leucon /, fils de Satyrus , fut reçu citoyen
d’Athènes et prit Theudosie, à laquelle il laissa
son administration municipale. .
Pairisades /, fils de Leucon, agrandit encore
la puissance du Bosphore par ses guerres glorieuses
dans la Chersonèse taurique et en Asie ;
une partie de la chaîne taurique et des vallées
du Caucase lui obéirent (1). Il m’est impossible,
dans la crainte d’allonger un texte déjà si étendu,
d’entrer dans les détails du règne de ce roi.
Seulement il y a quelque vraisemblance que son
esprit de conquête l’aura engagé à s’emparer de
Cherson, quoique l’histoire ne fasse mention
que de ses guerres contre les Scythes de la
Chersonèse taurique. Mais parmi les médailles
de Cherson, publiées par Sestini, musée Chau-
doir, tàb. I, fig. 5 et 6, l’on en trouve deux qui
rendent le fait probable. L ’une a d’un côté
une tête de roi, ceinte du diadème, avec ces
trois lettres XEP, et au revers , une Diane avec
le monogramme 13P : la seconde ressemble à la
(1) Voyez 1 inscription que j’ai cite'c plus haut.
V. ,5