qui devait se trouver sur cette île : la description
de Strabon est si exacte qu’on ne peut hésiter
sur sa position ; je veux parler de l’immense
tumulus élevé en l’honneur de Satyrus Ier, roi
du Bosphore, qui régna de 407 à 3g3 avant J. C.
Le premier, il ajouta au royaume une partie de la
cote d Asie 'Ce tumulus, erige sur un cap qui
s avançait dans le Bosphore, était en vue de presque
tous les points de la côte d’Europe et de celle
d’Asie. L ’oeil le signale et le reconnaît de toutes
parts, et quand par curiosité l’on est venu visiter
ce tertre qui doit rappeler le souvenir d’un grand
roi, l’on trouve à la place quoi ?... un volcan
de boue.
Je m’y rendis de Fontan, accompagné de mon
vieux Cosaque ; nous suivîmes pendant 5 verst
la continuation du plateau central. Une fois au
pied de la montagne, nousmontâmes jusqu’à son
sommet par une pente très-douce à travers les
lits de boue désséchés qui, comme des torrents
de lave, ont serpenté sur les flancs de la colline.
De la base au sommet, je comptai de 1000 à
1200 pieds de rayon. On estime sa hauteur de
200 à 25o pieds au-dessus du liman. Il est
couronné d’un cratère qui a 88 pas de tour et
4 à 5 pieds de profondeur. Il paraît qu’il y a
bien longtemps qu’il n’a été en activité, car le
fond du cratère est recouvert en partie de
gazon.
Deux petits cônes (fumerolles des vrais volcans)
qui sont sur le bord du cratère, sontéteints.
D’autres cônes, pareillement inactifs, sont semés
sur la pente extérieure jusqu’a 100 pas de distance
du cratere. Le seul qui travaillât encore
le 17 octobre î 832 , en est à 80 pas. La boue
qu’il jette est grise, froide, et se gerce à l’infini
en séchant : elle est argileuse, et le résultat de
la décomposition de l’argile feuilletée est de la
marne blanche ; car mon expérience m’a appris
que les volcans de boue et les sources de naphte
des environs de Kertche et de Taman ne sont
que dans ces terrains-là. Où le calcaire co-
quiller paraît, il n’en existe pas. La couverture
épaisse du calcaire étoufferait-elle les émotions
intérieures des volcans qui seraient forcés de*
chercher une issue ailleurs ?
Le Koukouoba fit éruption tout à coup le
27 février 1794, à 8 j heures du soir ; il se fit
d’abord un grand sifflement, puis un coup de
vent qui dura une minute, accompagné d’un
1 oulement semblable a celui du tonnerre et qui'
paitait de la montagne. Ces lugubres avant-
coureurs furent suivis immédiatement d’une
colonne de fumée venant du sommet de la
montagne; une minute après, elle était enflammée
et ressemblait à une immense gerbe de feu visible
même du Kouban , au dire de mon Cosaque qui
en avait été témoin oculaire. Le feu cessa à
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