vent, ou s’il se montre comme aux dômes du
Kastele et de VAioudagh, jamais il ne s’élève à
la hauteur du crêt ; ce qui n’est pas le cas du
Caucase, où les dômes de Y Elbrous, du Passmta,
du Kasbek s’élèvent à une hauteur beaucoup
plus considérable que les crêts.
Il est clair, en admettant cette hypothèse, que
les crêts qui sont en regard de la mer doivent
etre abruptes, présentant leur face composée
de couches entassées qui plongent en sens opposé
du crêt. Tous les étages présenteront cette
disposition, depuis le schiste qui forme la base
du crêt jusqu’au calcaire jurassique qui le couronne
de sa puissante corniche. Mais si vous
vous transportez sur le r-evers du crêt, ou plutôt
sur son versant incliné vers le nord, plus de
muraille à pic ; la pente suit le dos des couches,
que recouvre le gazon desyàila. Ceci s’applique
à toute la chaîne Taurique, dont l’étude devient
nécessaire pour bien comprendre le caractère
des sommités inabordables du Caucase.
Je descendis doucement la yaïla de Chélène,
traversant d’abord des pâturages, puis des
champs ; bientôt ma route atteignit la rive d’un
ruisseau et un ravin couvert d’arbres; je trouvai,
au bas de la montagne, Tchermalik, village
talare au milieu de formations schisteuses mêlées
de calcaire gris en fragment qui commencent
l’étage de la craie, sur laquelle on marche jusqu’à
Karassoubazar : le pays ne présente que des
collines basses peu accidentées,
Karassoubazar (le bazar de l’eau noire) est la
première ville tatare considérable que je rencontrai
au nord du Caucase; elle a i 5,ooo habitants
; ma surprise fut grande de trouver en Europe,
jusque dans ses plus petits détails, l’Orient
que je venais de quitter. Karassoubazar et Bak-
tchisaraï sont les villes que l’impératrice Catherine
II réserva exclusivement aux Talares ; elles
ont conservé pure leur forme primitive, commandées
par les moeurs et les habitudes de l’Orient.
Je me crus à Erivan ou à Gandja, en parcourant
ses rues étroites, tortueuses, bordées
de hauts trottoirs irréguliers, qui resserrent
quelquefois tellement le milieu boueux de la
rue, qu’à peine on peut y passer à cheval. Les
canaux d’irrigation augmentent la fange, et les
hasards d’une communication propre et com-
mode. Au reste, ces rues m’ont rappelé nos chemins
fermés de hautes et tristes murailles qui
circulent au milieu des vignobles de mon pays,
De distance en distance, on trouve une porte
qui s’ouvre sur une cour, au fond de laquelle
sont les maisons cachées au regard, ainsi que les
vastes jardins qui les entourent. Là vivent les
femmes et les enfants, pendant qu^les hommes
courent à leurs boutiques au bazar, ou bien
se rendent a leurs ateliers, qui, comme dans