neuf petites barques chargées de bagages et
dè troupes turques : cette apparition., qui annonçait
lapproche de l’armée, plongea dans la
consternation les habitans et sur-tout les conspirateurs.
Dans la nuit du 7 au 8 , un bruit de mous-
queterie qui se fit entendre sur l’autre rive, nous
apprit l’arrivée des troupes. Dès-lors nos inquiétudes
cessèrent. J ’ordonnai les préparatifs
de départ pour le lendemain, bien content d’avoir
p u , sans de plus grandes contrariétés, consacrer
quatorze journées entières à examiner,
mesurer, dessiner les nombreuses ruines au
milieu desquelles ma bonne étoile m’avait conduit.
Le 9 mai, à six heures du matin, nous nous
mimes en route en longeant le Nil à un quart
de lieue de distance, au travers de^vastes plaines
herbeuses. A neuf heures et demie, nous laissâmes
Derrière nous le village de Kobochi,
près duquel abondent les acacias. Une chaîne
de montagnes peu élevées bornait Thôrizon à
plus d’une lieue dans l’est. A dix heures, nous
étions à la hauteur de Korqos ou Kourqos, île
grande, fertile et habitée. Ici le pays est plat, et
les acacias y sont encore fort multipliés. A
midi, nous traversâmes un petit bois touffu
de ces arbres.
Le Nil s’incline vers l’ouest : nous continuâmes
de le suivre à demi.-Iieue et trois quarts
de lieue de distance. Arrivés au village d’el-
Boeydah, nous laissâmes reposer nos chameaux
pendant une heure. Enfin, peu satisfaits de ne
trouver que de la mauvaise eau de citerne dans
tous les villages éloignés du N il, nous prîmes
le parti de nous diriger vers ce fleuve pour faire
boire nos bêtes et nous y désaltérer nous mêmes :
la chaleur, ce jour-là, était excessive ; le thermomètre,
à l’ombre, montait jüsqu’à 49°. La
plage opposée était couverte des tentes de l’armée
: elle campait pour attendre que l’ardeur
brûlante de l’atmosphère fût plus supportable.
Au moyen d’une longue-vue, je découvris de ce
eôté-Ià, sur un rocher élevé, de grosses murailles
en ruine, que je jugeai avoir appartenu à une ancienne
forteresse. Nous poursuivîmes notre route
vers Chendy, que nous aperçûmes d’une lieue de
distance : il était six heures quand nous arrivâmes
, bien fatigués d’une traite aussi longue.
Divan Effendy, pour qui j’avais une lettre du
pacha, venait de partir pour se rendre à l’armée ;
aucune troupe n’avait encore paru ici. J ’eus le
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