me familiarisai avec eux , pour ies rendre plus
communicatifs. Je ieur montrai une boussole,
une longue-vue; ils furent émerveillés en examinant
l’intérieur de ma montre. G’était à qui
m’étourdirait à droite et à gauche : l’un demandait
à voir dans ma longue-vue, l’autre voulait
comtempier mes armes , mes instrumens de
mathématiques ; les femmes m’étouffaient pour
que je fisse sonner à leur oreille une montre à
répétition. La complaisance que j’y mettais les
charma; ils ne se montraient plus aussi discrets;
iis étaient au contraire tout disposés à m’en apprendre
bien plus que je ne leur en demandais.
Un peu plus haut, nous passâmes devant
Rodess, village sur la partie droite du fleuve,,
près duquel il y a des débris d’anciennes constructions
de briques, comme à Sobah ; il s’en
trouve aussi à Dourmân, au nord sur l’autre
rive : on m’assura qu’à la hauteur d’An-Noubah
pour arriver au fleuve Blanc, il y avait deux
jours de marche , environ quinze à dix-huit
lieues. Pour avancer malgré le vent contraire,
nos mariniers furent obligés , durant les trois
quarts du jo u r, de traîner notre barque à la
cordefle. Le 5 juin, le même vent et le calme
nécessitèrent l’emploi de quatre hommes pour
nous haler. A cinq heures, on amarra à la rive
droite, près d’Oüâd-Cheyb, lieu habité par des
Arabes Maq’arbehs. On distingue facilement les
naturels riverains d’avec les Arabes nomades ;
ces derniers sont bons et témoignent des égards
aux étrangers. Je vis, ce jou'r-là, trois hippopotames
qui levaient la tête au-dessus de l’eau,
en mugissant. Le 6 , nous stationnâmes devant
el-Kâmnyn, village divisé en deux parties situées
sur lune et l’autre rive : ici des Arabes
Maqarbehs s’occupent de la recherche du sel.
La plupart des habitations qui composent les
villages du Sennâr, ne sont que des huttes circulaires
en chaume, surmontées d’une couverture
conique pour faciliter l'écoulement des
eaux ; un petit nombre sont en terre, carrées,
avec une terrasse au-dessus. Lé lendemain,
nous nous arrêtâmes à Abo’cherâ, grand village
de quelque apparence sur la rive gauche, encore
habité par des Maq’arbehs, qui nous reçurent
fort bien. En face est la première île que
nous eussions trouvée : son nom est Hellâlyeh:
elle est habitée et en partie cultivée. Nous trouvâmes
ici beaucoup de poules 5 je ne pus m’en
procurer qu’en donnant en échange de petits
morceaux de sucre; des conteries de Venise, du
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