ses bords, en face d’une île : près de là nous
vîmes trois petites barques d’Ibrahym. A 11
heures nous laissâmes derrière nous le petit
village de Loni ; les habitans, devenus craintifs,
commençaient à abandonner leurs habitationset à
fuir à I approche de l’armée. Nous trouvions toujours
beaucoup d’arbres et d’arbrisseaux quicrois-
saientsur un sol inégal, communément élevé dans
1 ouest, où la vue s’étendait à une grande distance
sur des coteaux bien boisés. A une heure
et demie , au moment où l’on traversait un
terrain planté d’arbres en partie morts et fourré
de broussailles et d’herbes à demi sèches, un
incendie se manifesta tout-à-coup, et jeta l’épouvante
dans l’armée, sur le passage de laquelle
un fort vent du nord-ouest poussait les flammes.
On n’entendait que cris confus; le désordre
était au comble ; c’était à qui, pour se sauver,
courrait avec le plus de vitesse : lès chameaux
effarouchés necoutaient plus la voix de leurs
conducteurs, selapçaient au galop, jetaient bas
leur charge, et allaient à l’étourdie périr au
milieu de l’embrasement. Ce ne fut pas sans
frémir que je me vis moi-même obligé de passer
devant ce gouffre de feu, qui, en peu d’instans,
Se déploya sur une demi-lieue d’étendue. On dut
s’étonner que l’armée eut échappé sans un dommage
très-considérable à un danger aussi imminent;
heureusement que ce désastre avait eu
lieu le jour. La première idée fut que c’étaient
des habitans du pays qui avaient méchamment
allumé l’incendie : mais on acquit la certitude
qu’il fallait imputer ta faute à des traîneurs de
l’armée , qui, en allumant leurs pipes, s’étaient
amusés à mettre le feu à des.arbres.
Après 14 heures de marche, on fit halte
dans un petit village nommé Ad-Darameyleh.
Nous vîmes les troupes d’Ibrahym qui étaient
campées devant nous, et qui, le lendemain 12,
levèrent le camp ; elles devaient suivre le fleuve
encore quatre heures avant de se porter dans
l’ouest.
Ici nous eûmes un jour de repos. Des habitans
des environs vinrent faire à Ismâyl des
contes e^travagans sur les mines d’or qu’il trouverait,
disaient-ils, au-delà du Fâzoql : le prince
me fît appeler pour les interroger sur la nature
de ces mines. Les détails qu’ils me donnèrent
me convainquirent que ces hommes voulaient
parler de sables aurifères, et de pépites dont
iis exagéraient évidemment la grosseur. Ils ajoutaient
qu’eux., musulmans , n’avaient pas le talent
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