trois mois q u i, chez nous, comprennent Fau-
tomne : au milieu de cette saison, vers le 15 novembre,
les vents du nord commencent à régner
et continuent jusqu’à la fin de décembre ; pendant
ces trois mois, le ciel est souvent pur et
beau.
Cest aux mois d’août et de septembre que la
campagne, aux environs de Sennâr, se montre
sous sa plus riante parure : ce sont des plaines
couvertes de verdure, au milieu desquelles sont
disséminés de nombreux groupes de maisons
qui, vues de loin, ressemblent à des ruches. Lés
pluies cessent à la lin de septembre. Le sol,
profondément imbibé, conserve çà et là à sa
surface des mares d’eaux stagnantes : ces eaux,
mises en fermentation par. Faction subite de
la chaleur, répandent des miasmes putrides,
qui, joints aux vapeurs non moins pernicieuses
que la terre exhale, vicient l’air et engendrent
une foule de maladies ; les fièvres sur-tout exercent
de grands ravages jusqu’en janvier. Aussi,
à 1 approche de eette époque désastreuse, les
habitans riverains du fleuve s’empressent-ils de
déserter les villages avec leurs bestiaux , et de
fuir loin de cette atmosphère empestée. C’est
sur des éminences rocailleuses qu’ils vont chercher
un asyle passager : là ils soignent leurs
récoltes, et respirent un air épuré par le vent du
désert. Bientôt un soleil brûlant vient consumer
ces beaux tapis de verdure qui décoraient les
champs. En avril, rien n’y végète plus; par-tout
l’image de la stérilité attriste les regards ; ces
plaines, sèches et dépouillées, ne sont plus qu un
désert , et les illusions mêmes du mirage s’y
reproduisent. La teinte du chaume dont les
maisons sont revêtues, s y confond avec celle
du sol. Dans cette saison, la dysenterie fait de
nombreuses victimes. Le fleuve cependant n a-
b,andojme pas ses rives, que des bois d acacias
garnissent, de distance en distance, pendant
toute Fannée, d’une bordure verdoyante.
Je vais entrer dans quelques détails sur les
maladies qui régnent le plus habituellement à
Sennâr.
11 est des années où la petite vérole, nommée
el-guedry, est très-meurtrière. Les habitans prétendent
qu’elle leur est apportée par les esclaves
qui viennent de l’ouest ; que, sans cela, ils n y
seraient pas sujets ; il s’écoule quelquefois, en
effet, plusieurs années sans que cette maladie
se fasse ressentir. Le roi, lorsquii était informé
qu’elle existait dans le pays, contraignait ceux