presque en totalité la proie des flammes. Le
pacha fît néanmoins des efforts pour modérer
ïa rapacité et la barbarie de ses soldats, et surtout
pour les empêcher de se livrer à des excès
honteux envers les femmes. II se fit amener
six cents de ces malheureuses : les unes sé lamentaient
; d’autres, pleines de croyance dans
la prédestination, se résignaient avec courage,
pensant qu’on les traînait à fa mort; fa plupart
étaient encore couvertes du sang que l’ampu-
tion de leurs oreilles leur avait fait répandre.
Cependant f humanité du pacha ieur réservait
un sort moins dur que celui auquel elfes s’attendaient
: pour les soustraire aux insultes de ses
gens, if les fit transporter dans l’île de Cha-
trab, et leur fit procurer tout ce qui était nécessaire
à leur existence. Un pareil trait devait
faire et fit en effet beaucoup d’honnetir à ce
prince : -des Nubiens de Dongolah, que les Chay-
kyés avaient contraints d’entrer dansleurs rangs,
furent aussi mis en liberté et renvoyés dans
leur pays.
C H A P IT R E X X V I .
Nouveaux parlementaires envoyés aux Chaykyés; combat; leur
défaite. — Cruauté des Grecs. — Enlèvement de Safie.-—Trait
généreux d’Ismâyl,— MélikZibert.— Amnistie; fuite dumelik
Chaouss. — État des Chaykyés ; caractère ; productions ; usages;
costume; manière de combattre. — Routes. — Pyramides de
Nouri. — Visite à Ismâyl.
Le 5 novembre, on fit non loin du camp
vingt prisonniers. Ifs furent conduits au pacha,
qui les interrogea sur leur nombre ; ils ne manquèrent
pas de l’exagérer, en le portant encore
à 5000 combattans. « Eh bien ! leur dit-if, je
» vais vous faire donner à chacun un sequin
» et vous remetre en liberté : allez dire à vos
» chefs qu’ils méconnaissent mes forces.; ils
» n’ont eu affaire, dans le dernier combat ,
» qu’au quart de mon armée; j’ai douze pièces
» de canon qui extermineront tous les vôtres.
» Dès que mes troupes sont acharnées au car-
» nage, if n’est plus en mon pouvoir dé#es maî-
» triser : vos villages seront fa proie des flammes;
» vos femmes, vos enfans, seront massacrés.
» Dites-leur donc que tous feurs efforts tour-
» neraient contre eux; qu’en se soumettant, ils