indisposition, je fus admis à le voir. Ii me reçut
avec toute la politique des Turcs; quoi qu’il en
soit, il fut décidé que je suivrais l’expédition :
jusqu à cette entrevue, ie prince s’y était toujours
fortement opposé, sous prétexte que les
firmans de son père ne s’adressaient pas à lui *.
Ii est vrai que ie vice-roi, soit pour ne pas
contraindre son fils à me prendre sous sa protection
, soit qu il eût calculé que je trouverais
A bdin bey dans le Dongolah, lorsque Ismâyi
serait déjà dans ie Sennâr, ie vice-roi, dis-je, ne
m avait accorde de firmans que pour ie premier.
Ce fut à la bienveillante ténacité de cet homme
estimable que je dus l’avantage de suivre l’expédition.
IL n’avait point hésité à employer Fascendant
que ia confiance méritée et Faffection du vice-roi
lui donnaient sur Fesprit du jeune prince, pour
vaincre l’opiniâtre résistance de celui-ci : il n’y
parvint pas sans d’assez vives altercations. Le
* Ce prince avait prie' son père de,ne laisser à l’armée d’autres
Européens que ses me'decins , et un Italien qui, s’étant annoncé
comme expérimenté dans l’art militaire, devait être un des conseillers
d’Ismâyl.
Je sus même que ce prince, ayant appris que j’étais en route
pour rejoindre l'armée , avait expédié des ordres exprès au kâchef
d’Ouâdy-AIfa pour me retenir : heureusement ils arrivèrent trop
tard ; j avais dépassé le lieu qui devait être celui de mon arrestation.
prince avait consenti enfin, mais non sans humeur.
Cependant A’bdin bey devait nous quitter
à Barbar et retourner au Dongolah. J e tremblai
en pensant que j’allais perdre mon seul appui,
©t me trouver isolé dans cette armée, contre le
gré du chef qui la commandait. Le temps seul
pouvait me faire connaître à Ismâyi et le faire
revenir des préventions défavorables que de
lâches calomniateurs lui avaient inspirées contre
moi.
CHAPITRE XXVII.
Départ pour Barbar.— Cataracte.— Ouâdy-Argou; roches; marche
pénible de l’armée.-- Incendie. — Arrivée au Nil; fausse alerte.
—' Éthéries. —è; Arrivée pompeuse de l’armée à Qoubouchi,
province de Barbar. — Soumission des méliks. — Burckhardt.
Les chameaux attendus de Barbar étant arrivés
ce jour-là, Ismayl fit marcher en avant une
partie de l’artillerie, douze pièces de canon ,.
escortées par quatre cents hommes de cavalerie
commandés par Haggi-Hammed. Ic i, le prince
ayant divisé son armée en trois corps, arrêta que
l’un resterait avec les barques, et que les deux