voisinage d’Ad-Dâmer , gros village à la droite
du Nil, où il se tient souvent des marchés de
chameaux et desclaves.
Le 23 , à six heures trois quarts, continuant à
cotoyer le fleuve à peu de distance, nous traversâmes
beaucoup de terrains qui seraient susceptibles
d’un bon rapport, si l’insouciance dès ha-
bitans ne s’y opposait pas. A onze heures, nous
arrivâmes à une choune [magasin de provisions]
qui se formait pour l’armée. Je fus agréablement
surpris en y trouvant le bon Kafîs Effendy, que
j’avais, connu dans le Dongolah : il voulut me
retenir à dîner; mais je résistai à toutes ses instances.
La barque qui devait nous passer était
près de là., et mon impatience ne me permettait
pas d’attendre davantage. IL me donna un autre
guide, qui devait nous conduire jusqu’à Chendy.
Nous traversâmes de beaux champs de coton dans
l’ouest; sur la plaine déserte s’élevaient , à une
grande distance, quelques montagnes éparses.
Durant cette journée, nous trouvâmes le pays
plus riche. Nous avions passé el-Hasabalâb
Chio, An-Nâfa’ab, Ab-kourmout, Abou-Seleym,
Kouboûchâb.. La plupart de ces villages consistent
en petites maisons carrées, éparses, et construites
, les unes en branches d’arbres et en paille,
les autres en terre. Je fus étonné de voir ces constructions
si simples et peu abritées des pluies.
Les habitans ont pourtant parfois 1 attention
d’incliner leurs toitures, pour l'écoulement des
eaux. Ces cabanes sont ordinairement recouvertes
à l’extérieur d’une couche épaisse de terre,
qui, mélangée avec de la paille, acquiert une
certaine consistance, mais qui n’est pas capable
de résister long-temps aux injures de l’air. A
trois heures, nous traversâmes quelques petits
bois d’acacias; dans tout le pays de Barbar nous
n’en avions pas rencontré d’aussi touffus : non
loin de là est Ez-Zehdâb, petit village construit
en terre, à un demi-quart de lieue du fleuve, où
nous fîmes halte, après avoir marché neuf heures
trqis quarts.
Le 24, à six heures et demie , nous fîmès un
quart de lieue pour aller joindrè la barque qui
devait nous passer sur l’autre rive. En deux
voyages, tous nos effets y furent transportés :
mais la barqùe n’étant ni assez grande ni assez
solide pour y faire entrer nos chameaux, il fallut
les contraindre à traverser le fleuve à la nagé, en
les soutenant avec des cordes, dont l’une était
attachée à la tête et l’autre passée sous le ventre ;
travail long et pénible, qui ne nous prit pas moins