cette soldatesque indisciplinée avait jugé à propos
d’envelopper dans l’exécution militaire, et
le fit restituer à ces malheureux. Les rapaces
Mohgrebins passèrent la nuit à fouiller parmi
les décombres fumans du village dévoué à ces
épouvantables représailles. Le fils du mélik
Chaouss, Chaykyé, était venu à Barbar, pour
solliciter la grâce de son père, Ismâyl la lui
accorda r cependant Chaouss hésitait à faire
entièrement fond sur cette parole, lorsque
Divan Effendy alla le voir, et lui jura sur
le Koran qu’il pouvait compter avec toute confiance
sur la loyauté et la bienveillance du pacha.
Il arriva le 15 , avec deux cents hommes de
sa troupe ; il se prosterna devant le prince et
lui baisa les mains. Il lui témoigna ensuite le
désir de continuer la carrière militaire, pour laquelle
il se sentait un penchant irrésistible. Cette
demande fut favorablement .accueillie. Ismâyl
lui fit donner un habillement, des armes, et fe
plaça, en qualité de bulbachi, à la tête de cent
quarante Chaykyés, qui firent en même temps
leur soumission. Chaouss avait au plus quarante
ans ; sa taille était avantageuse, sa figure
belle et pleine d’expression. Le même jour, le
pacha ordonna de lever ïe camp : à trois heures,
un coup de canon avertit de charger les chameaux;
un second coup, à six heures du soir,
fut le signal du départ. Heureusement que là
clarté de la lune nous permettait d’observer
notre direction sur la boussole, et d en prendre
note. Nous suivions ïe Nil à un demi-quart et à
un quart de lieue, à travers de vastes plaines
en partie incultes, et couvertes de plantes herbacées’
Pour être à l’abri de l’inondation, les
villages sont éloignés du fleuve et bâtis sur des
monticules de grès, à l’origine du désert. A dix
heures et demie, nous avions laissé derrière
nous les plus grands groupes de maisons ,
nommés Hellet-Chaykyé. A minuit, on se rapprocha
du Nil, et une demi-heure après, on fit
halte sur, ses bords, II y a fort peu de champs
cultivés du côté où nous étions. En face , sur fa
plage opposée, étaient les villages d’el-Gouba.
On se portait sur la province d’Halfây, et
l’on ignorait encore si les habitans feraient ou
non résistance. A ’tout événement, il fut fait de
nouvelles distributions de cartouches, et l’on se
tint sur la défensive.
Le 16, à cinq heures du soir, l’armée se mit
en marche. A un quart de lieue du Nil est le
village d’el-Homek, sur la limite du désert. Nous